Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17
j. soury. — la psychologie physiologique des protozoaires

tains organes végétaux s’infléchissent vers la source lumineuse, d’autres, moins nombreux, s’incurvent dans une direction opposée, et qu’à côté de l’héliotropisme positif, il existe un héliotropisme négatif.

Héliotropisme

Les effets de la lumière sur les mouvements des organismes unicellulaires sensibles à cet excitant sont directs ou indirects. Chez les Bactéries, par exemple, qui sont, dans leur ensemble, si peu sensibles à la lumière, le Bacterium chlorinumel le Bacterium photometricum ne réagissent qu’en apparence de la même manière. Si les Bactéries de la première espèce se rassemblent en multitude dans le point plus particulièrement éclairé d’une goutte d’eau déposée sur le porteobjet, c’est que ces organismes à chlorophylle, avides d’oxygène, en dégagent en ce point une plus grande quantité. La réaction motrice de ces organismes à la lumière est en raison directe de la quantité d’oxygène contenue dans l’eau. Si la tension est très élevée, ils ne réagissent pas à la lumière et nagent dans l’obscurité. Placés dans un microspectre, on les voit se rassembler dans les parties du spectre qui favorisent le plus énergiquement l’assimilation, c’est-à-dire dans les rayons les moins réfrangibles. Si la tension de l’oxygène diminue, ils compensent cette diminution comme nous venons de le dire ; ce n’est donc qu’indirectement que la lumière agit sur ces organismes : leurs mouvements vers la lumière sont en réalité fonction d’un phénomène de nutrition et relèvent d’un mode d’excitabilité du protoplasma que nous étudierons, la chimiotaxie.

Il en va tout autrement avec le Bacterium photometricum, dont le mouvement est bien fonction de la lumière : pour lui, sans lumière, pas de mouvement. Les mouvements de ces Bactéries dépendent de deux facteurs, l’intensité lumineuse et la longueur d’ondes. Elles réagissent même non seulement à l’ensemble des rayons que perçoit notre œil, mais à certaines radiations ultra-rouges insensibles pour nous. Ces faits d’expérience et d’observation, dus surtout à Engelmann, nous paraissent être la pierre d’angle de la psychologie cellulaire. Cette finesse d’analyse et cette sûreté de méthode n’ont été égalées que par les recherches de Pfeffer sur la sensibilité chimique des Bactéries, des Flagellés, et des filaments séminaux des Fougères et des Mousses. On connaît les ingénieuses expériences où, en un point nettement éclairé d’une goutte d’eau, le reste du liquide étant