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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/352

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privation de tel ou tel élément indispensable ? Y a t-il une différence entre les différentes cellules ? Quelle hiérarchie existe, comme activité chimique, entre les cellules des divers tissus, ou entre les mêmes cellules chez les divers animaux ? Toutes questions d’un puissant intérêt, et qui ne peuvent se résoudre que par l’expérience, car les spéculations sont bien vaines en un pareil sujet.

Une des parties les plus intéressantes de cette nutrition cellulaire, c’est l’influence que le système nerveux exerce sur la vie chimique des cellules. Assurément le mécanisme de cette action nous est tout à fait inconnu ; mais le fait est certain, et prouvé par un grand nombre d’expériences d’une précision irréprochable. Quand on excite un nerf moteur, non seulement le muscle se contracte, mais aussi il se fait dans le muscle des combinaisons chimiques très vives ; c’est un phénomène analogue à l’explosion d’un mélange détonant sous l’influence de l’étincelle électrique. De même, pour d’autres tissus que pour les muscles, pour les glandes par exemple, quand on excite la corde du tympan, la salive coule en abondance ; quand on excite les nerfs sudoripares, on voit perler les gouttes de sueur, sans qu’il soit possible d’expliquer ces phénomènes par des actions vaso-molrices.

Il y a donc une transition presque insensible entre la nutrition et l’irritabilité de la cellule ; ou plutôt la nutrition cellulaire est soumise aux lois de l’irritabilité, de sorte qu’elle est tantôt ralentie, tantôt activée, selon que la cellule est ou non stimulée par des agents irritateurs.

Même il n’est pas probable que l’excitation fasse produire à la cellule des substances qu’elle ne produirait pas quand elle est au repos ; mais c’est une activité, une production plus grande. De là cette conclusion très générale, que les phénomènes normaux de nutrition, quand la cellule n’est pas stimulée, sont suractivés quand la cellule est stimulée, mais que ces produits, différents en quantité, et très différents, ne diffèrent guère en qualité.

Si nous voulions écrire ici un traité de physiologie générale, il nous faudrait alors étudier les lois de la nutrition cellulaire, aussi bien pour les cellules compliquées de l’organisme parfait, par exemple les cellules cérébrales qui président aux fonctions psychiques, que pour les cellules simples élémentaires, comme certains micro-organismes par exemple, qui offrent des exemples extraordinaires de vie latente. Il faudrait aussi étudier les échanges dits respiratoires ; la vie des cellules dans le sang, ou la vie des ferments dans les milieux de culture : mais nous ne voulons ici que tracer un cadre d’ensemble, afin de montrer que la physiologie générale n’est pas un