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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/358

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établie, doit être regardé comme le grand initiateur de notre science. La vie de la cellule est liée à l’exercice de sa fonction chimique, qui est incessante. Si, pour une cause ou une autre, la nature chimique de la cellule vient à être modifiée profondément, sa fonction ne pourra plus s’exercer. Toute action de la cellule sera accompagnée d’une action chimique, ou plutôt produite par cette action chimique dont elle dérive. Rien ne peut être effectué par la cellule, qui n’ait pas cette action chimique pour base.

Il serait assez difficile de préciser en quoi consiste cette action chimique. Nous connaissons, malgré l’obscurité du sujet, quelques termes du problème. Ainsi nous savons qu’il y a des matières salines, chlorures de sodium et de potassium ; sels de chaux, phosphates et sulfates, en minime quantité : des matières amylacées, et surtout des matières albuminoïdes qui sont la partie délicate et probablement la plus active de la vie chimique cellulaire. Nous savons que ces matières albuminoïdes sont détruites par une température de 50° environ, qu’alors elles se coagulent et deviennent inertes. Nous supposons qu’il y a des substances analogues aux ferments, pouvant dédoubler, hydrater ou déshydrater les matières assimilables dissoutes dans les milieux nutritifs ; mais nous n’en savons en somme que peu de chose, et, quand il s’agit de décrire ce qui se passe dans la cellule même, nous en sommes réduits, suivant une vieille comparaison classique, à peu près à ce qu’on connaîtrait d’une maison où on verrait entrer du charbon et sortir de la fumée.

Ce que nous savons bien, c’est que ces cellules sont presque toutes aérobies, c’est-à-dire qu’elles ne peuvent accomplir leur évolution chimique que dans un milieu oxygéné. Encore faut-il que ce milieu oxygéné ne soit pas avec une tension d’oxygène trop forte. L’oxygène doit être, au moins chez les vertébrés, pour être assimilé par la cellule, combiné à la matière rouge du sang ou hémoglobine. S’il est libre, il exerce une action funeste sur la structure chimique, et par conséquent la fonction des cellules.

Nous savons aussi que le dernier terme de ces actions chimiques, c’est la production d’abord d’acide carbonique et d’eau, puis d’urée et de matières azotées cristallisables, produits d’hydratation et de dédoublement.

Toutefois il est un fait bien important, et maintenant bien connu dans ses détails, c’est que les produits chimiques de l’activité cellulaire sont toxiques pour la cellule qui les a élaborés, de sorte qu’une des conditions de la vie cellulaire, c’est l’élimination des substances sécrétées. Si ces substances s’accumulent, elles deviennent mortelles ; qu’il s’agisse des ptomaïnes produites par les microbes, de