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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/363

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ch. richet. — qu’est-ce que la physiologie générale ?

mitif, le point de départ de toutes les autres forces qui vont se manifester et qui sont les conséquences directes de l’énergie chimique.

Ainsi, lorsqu’on fait passer un courant électrique dans un muscle (abstraction faite des changements de forme du muscle), il se produit aussitôt des échanges chimiques très actifs, bien plus actifs que précédemment : dégagement d’acide carbonique, absorption d’oxygène, combustion de glycogène, production d’acide lactique et d’autres produits de désassimilation. Ces actions chimiques sont la conséquence de l’excitation cellulaire, au même titre que la détonation de la poudre est la conséquence immédiate de l’étincelle qui l’a enflammée.’Toutes les cellules sont dans ce cas. Elles sont excitables, c’est-à-dire qu’elles répondent à l’excitation par une réaction qui est d’abord un phénomène chimique. Glandes, muscles, cellules nerveuses, toutes les cellules que nous connaissons sont irritables — plus ou moins, cela va sans dire, mais en somme irritables, c’est-à-dire modifiant leurs échanges chimiques quand elles subissent l’irritation.

Nous pouvons donc concevoir les cellules comme étant dans un certain état en lequel elles cherchent à se maintenir. Si cet état est modifié, la cellule répond à sa manière : mouvement, si c’est un muscle ; sécrétion, si c’est une glande ; vibration nerveuse, si c’est une cellule nerveuse. C’est pourquoi toute action qui trouble l’état actuel de la cellule, provoque une réponse de la cellule qui cherche à demeurer dans sa situation primitive.

Il y a donc des excitants physiques (mécaniques, thermiques, électriques) et des excitants chimiques. Ce sont là tous des excitants extérieurs ; mais il y a aussi un excitant intérieur, plus important peut-être que les excitants extérieurs, c’est l’excitant nerveux.

En effet le système nerveux envoie des prolongements dans tous les tissus, de sorte qu’une excitation nerveuse, même faible, se transmet au loin, allant stimuler les muscles et les glandes, et les parties du corps même les plus éloignées.

C’est un des phénomènes les plus remarquables de la physiologie, que cette influence du système nerveux sur les phénomènes chimiques intra-cellulaires. Quand un nerf est excité, il communique son excitation aux tissus avec lesquels il est en rapport, de sorte qu’une excitation nerveuse détermine des changements chimiques dans toutes les parties de l’organisme.

La physiologie générale doit traiter dans tous ses détails cet admirable phénomène, qui, s’il est bien compris, donne la clef de bien des fonctions vitales.