Aller au contenu

Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/365

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
355
ch. richet. — qu’est-ce que la physiologie générale ?

physique générale, et ce sont peut-être les plus grands problèmes naturels qu’il soit donné au savant d’aborder.

Les plantes elles-mêmes, qui paraissent immobiles, ont des tissus contractiles. Lorsque la graine va s’enfonçant dans le sol nourricier pour y chercher sa nourriture, elle se meut, et elle mourrait bien vite si elle était condamnée à l’immobilité absolue. Dans l’être vivant, les diverses cellules qui le composent ont chacune plus ou moins leurs mouvements propres. Il n’y a pas d’être vivant qui soit immobile.

Chez les êtres supérieurs, c’est te système nerveux qui est le stimulateur du mouvement, de sorte que les mouvements d’ensemble exécutés par l’organisme ont une finalité déterminée. Ils sont réglés par l’excitant nerveux, qui a cette propriété étonnante de pouvoir, quand il est excité, transmettre son excitation au muscle. Alors, sous l’influence d’une stimulation, la décharge motrice a lieu, et la contraction musculaire s’effectue.

Que ce soit par l’intermédiaire d’une action chimique, cela est presque certain, au moins très vraisemblable. J’ai bien souvent eu l’occasion dans mes cours de comparer la contraction subite du muscle, quand son nerf est stimulé, à la détonation d’un mélange explosif, qui s’enflamme sous l’influence d’une étincelle électrique ; alors il se produit soudain une action mécanique, un mouvement, grâce à la chaleur dégagée et à la force expansive des gaz échauffés.

De tous les chapitres d’un livre de physiologie générale, le chapitre des mouvements est peut-être le plus long. C’est aussi un de ceux où les faits précis et démontrables sont les plus abondants, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas encore nombre de points obscurs et difficiles à bien traiter.

C. Électricité. — Ce que nous avons dit du mouvement s’applique à peu près textuellement à l’électricité. En effet chaque mouvement musculaire et chaque excitation glandulaire sont accompagnés d’une décharge électrique, si bien qu’il est permis de supposer que toute activité cellulaire s’accompagne d’une action électrique.

Cette réponse électrique a été étudiée par les physiologistes (et en particulier les physiologistes allemands) avec le plus grand soin. On trouvera dans les ouvrages de Du Bois-Reymond toutes les indications nécessaires pour l’histoire physique de cette fonction.

Chez certains êtres la fonction électrique tend à se localiser, à se cantonner et à prendre un degré d’intensité prodigieux. Elle est alors dévolue à des organes spéciaux, les appareils électriques. Cette fonction électrique est certainement une des plus extraordinaires mani-