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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/418

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POURQUOI MOURONS-NOUS ?

(Fin[1].)

VI

La matière brute et la matière vivante.

L’ouvrage que j’ai publié sous ce titre est, au fond, un essai de cosmogonie biologique.

Toute cosmogonie est une spéculation. Mais celle qui s’appuie sur des faits qu’elle cherche à interpréter conformément aux principes des sciences positives, n’est pas une pure métaphysique ; elle se rattache à celles-ci et leur sert comme de couronnement provisoire.

Les faits qui servent de base à la biogénie spéculative sont peu nombreux.

D’une part, la Terre que nous habitons est constituée et couverte par une multitude incalculable d’êtres que nous ramenons par la pensée à un fort petit nombre de catégories : minéraux qui croissent, végétaux qui vivent, animaux qui sentent, hommes qui, au dire de quelques-uns, ont pour apanage la liberté. L’ordre dans lequel nous rangeons ici ces catégories nous paraît aller du plus simple au plus complexe.

D’autre part, le Ciel nous montre des nébuleuses à l’état de dispersion, d’autres en voie de concentration, d’autres avec un commencement de noyau. Il nous laisse voir des soleils avec des planètes, des planètes refroidies et des planètes à l’état fluide. Nous en avons conclu que la Terre a fait autrefois partie d’une nébuleuse qui, en se condensant peu à peu et en perdant de sa chaleur, a produit notre Soleil et les autres planètes qui circulent autour de lui.

En outre, la géologie nous apprend que la surface de la Terre, depuis le jour où elle est devenue solide, a revêtu des aspects

  1. Voir le n° de mars 1891.