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Il résulte donc des observations et expériences que, chez les Protozoaires, la préhension des aliments a pour conditions nécessaires et suffisantes : 1o chez les Rhizopodes, des mouvements provoqués, rentrant dans la catégorie des excitations chimiotropiques et stéréotropiques ; 2o chez les Infusoires ciliés, des mouvements automatiques des cils du péristome ou des lèvres mobiles et prenantes de l’appareil buccal.

Mêmes conclusions touchant le prétendu choix conscient et volontaire des matériaux qui guiderait certains Protozoaires dans la construction de leurs carapaces. Les Difflugies introduisent dans l’intérieur de leur corps, à cet effet, des grains de sable et des carapaces de Diatomées. Or, Max Verworn ayant mêlé à ces matériaux de construction une fine poussière de verre coloré, il observa que si, à l’état de repos, les Difflugies rampent entre ces parcelles de verre sans en attirer jamais une seule avec leurs pseudopodes, il suffit de communiquer un choc subit à la préparation pour que, en se rétractant, les pseudopodes entraînent des fragments de verre dans l’intérieur du cytoplasme, si bien qu’avec le temps on en découvre des amas formés dans l’endoplasme. On n’avait pas encore étudié d’aussi près la construction des carapaces de certains Protozoaires. Verworn a aussi constaté que, pour la formation de la carapace calcaire des Foraminifères, la présence du noyau est nécessaire. Ainsi, pour la construction de l’habitacle comme pour la préhension de la nourriture, il n’est point permis d’invoquer d’autre cause que celle de l’irritabilité cellulaire, de l’excitabilité du protoplasma vivant aux stimuli chimiques et mécaniques.

Enfin, pour des fonctions d’un ordre encore plus élevé, pour la conjugaison des Ciliés, la copulation et la fusion observées chez les Rhizopodes et chez les Flagellés, il convient d’attendre, pour parler des conditions physiologiques de ces phénomènes, que la nature de ces conditions soit moins obscure. Mais ce qui a été dit plus haut des phénomènes de fécondation chez les Fougères et chez les Mousses, par exemple, montre assez que ces processus biologiques ont pour conditions fondamentales la sensibilité et le mouvement, et qu’ils sont réductibles, eux aussi, à l’irritabilité cellulaire, à l’excitabilité chimiotropique du protoplasma.

Suivant M. Verworn, les phénomènes de conjugaison s’expliquent, comme tous ceux que nous avons examinés jusqu’ici, par des processus d’excitation déterminant des mouvements, soit « spontanés », soit provoqués (Reizhewegungen).

Quoi qu’il en soit, de bons juges en la matière, tels que Maupas, ont déjà fait justice des exagérations dont sont coutumiers les natu-