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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/576

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avons déjà donné tout au long son énoncé de la loi de contiguïté ; il peut se résumer ainsi : Le groupement des pensées dans le temps tend à reproduire le groupement des sensations dans le temps. Quant à la loi de similarité, voici comment il la formule : « Les actions, sensations, pensées, émotions présentes tendent à rappeler les impressions ou états de l’esprit qui leur sont semblables[1] », ce qu’on peut traduire d’une manière plus rigoureuse ainsi : les actions, sensations, pensées, émotions qui au même moment présentent une intensité notable sont souvent qualitativement semblables.

Bain considère l’association par contraste comme réductible. Ainsi dans la note importante qu’il a ajoutée au chapitre III de l’Analysis de James Mill, il essaie de réduire les phénomènes de contraste soit à des contiguïtés se produisant dans le langage, comme quand on dit nuit et jour, chaud et froid, haut et bas, la vie et la mort, etc., soit à des cas de genre commun, c’est-à-dire de similarité : par exemple, « froid et chaud sont des degrés de l’attribut commun appelé température », soit enfin à la « relation », à l’ « implication mutuelle » supposées par le contraste : en effet chaleur n’a pas de sens, pas d’existence si ce n’est « as a change from cold », le nord de même implique le sud : si l’un est présent, tous deux doivent l’être. « Donc le contraste, comme moyen d’association, puiserait à trois sources, à la relativité, à la contiguïté et à la similarité. »

Mervoyer, dans son Étude sur l’association des idées, développe, concernant le phénomène de l’association, des idées analogues à celles de Spencer, mais un peu moins nettes que celles de ce philosophe[2] « La ressemblance, dit-il, nous paraît être en effet le lien le plus puissant, le principe le plus fécond de l’association de nos idées[3]. » À propos de cette assertion de Locke que « la connaissance consiste dans la perception de la convenance ou de la disconvenance des idées », il dit plus nettement : « Nous allons plus loin que Locke,… c’est toujours la convenance ou la ressemblance qui sert de lien et d’appui à ses (de l’esprit) affirmations[4]. »

Voici de quelle façon fort précise il essaie, à peu près comme Spencer, de réduire l’association par simultanéité et succession immédiate à l’association par ressemblance : « Les choses coexistantes, les sensations, les perceptions, les images et les idées qui

  1. Les Sens et l’Intelligence, p. 360.
  2. Mervoyer est peu connu, même en France. Son Étude n’est cependant pas sans valeur et Stuart Mill la qualifie, peut-être, il est vrai, trop favorablement, d’ « excellent et intéressant ouvrage ». (Examen de la philosophie de Hamilton, p. 301, note.)
  3. P. 16.
  4. P. 17.