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b. perez. — le caractère et les mouvements

vivacité se traduit physiquement par une plus grande vitesse des niouvements, et qu’elle correspond dans le système nerveux à une plus grande vitesse des transmissions nerveuses, vitesse qu’on a mesurée pour les modifications psychiques les plus simples et pour les opérations intellectuelles les plus compliquées. Quant à l’énergie, qu’elle soit excitabilité plus grande des cellules ou tension musculaire plus forte, elle représente nécessairement un travail plus étendu et plus profond des groupes de cellules, ou, en d’autres termes, une quantité plus grande d’influx nerveux, c’est-à-dire encore une plus grande quantité d’éléments en activité. Qu’il s’agisse, en effet, de faits mentaux ou de faits physiologiques, il faut admettre pour tous ce que M. Bergson semble admettre pour la sensation de l’effort musculaire[1], c’est que le progrès qualitatif correspond à l’accroissement de la quantité, qu’une sensation, un sentiment, une volition, plus intenses, plus profonds, sont tels parce qu’il se produit à leur occasion un plus grand nombre d’excitations cellulaires ou de contractions musculaires. Quoi qu’il en soit, cette vitesse et cette énergie ne sont pas constantes chez les individus de la même espèce. La différence en est, pour une bonne part, dans le plus ou moins de facilité des muscles à se contracter, comme aussi dans leur plus ou moins grand nombre ; mais c’est à l’organe nerveux central qu’il faut en rapporter la cause principale. Ici va reparaître l’inéluctable question des tempéraments. Le cerveau, comme tous les organes, subit l’influence directe de ce milieu interne, si bien nommé par Cl. Bernard, du sang, dans lequel il baigne et dont il se nourrit, et son excitation générale est en rapport avec l’abondance et la qualité de cette humeur vitale apportée par la circulation, circulation elle-même plus rapide ou plus lente selon les individus. L’excitabilité des cellules du cerveau est aussi entretenue, comme l’indique en passant M. Richet, par les incitations médullaires, provoquées elles-mêmes en partie par les incitations d’origine viscérale[2]. De quel secours nous serait ici la classification viscérale des caractères, si l’on pouvait s’y appuyer en toute confiance ! Laissons-la de côté, une fois pour toutes, et revenons à notre essai de classification.

La vitesse des mouvements nous semble pouvoir fournir un premier type de caractères, celui des vifs ; la qualité contraire, celle des lents ; l’énergie très accusée, celle des ardents ; la même énergie combinée avec la vivacité, mais l’ardeur prédominant, le type des vifs-ardents ; combinée avec la lenteur, et celle-ci moins accusée.

  1. Loc. cit., p. 15 et suiv.
  2. Essai de psychologie générale, p. 85.