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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXI, 1891.djvu/666

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les êtres, n’aurait-il pas une fin supérieure à lui ? comment, seul de tous les êtres, n’aurait-il pas un être supérieur vers lequel il pourrait adresser sa prière dans ses besoins ? Tout cela nous amène à conclure que la loi morale a été inspirée à l’homme en vue d’un bien supérieur par un Dieu et que les lois physiques ont été ordonnées par ce même Dieu, afin de permettre à l’homme de réaliser de son mieux la loi morale. « Celui-là seul qui se place sous l’égide de la loi morale peut, incessamment joyeux, récolter pleinement les bienfaits des lois physiques. » C’est ainsi que l’étude comparative des deux lois amène l’auteur à conclure à la vérité de la conception évangélique de la morale.

On peut le voir par ce trop rapide abrégé, ce livre est intéressant par les questions qu’il soulève, par certaines des solutions qu’il en donne ; il manifeste une vive conviction et, à travers les discussions les plus abstraites, on sent les effluves d’un cœur d’apôtre. Malheureusement les idées sérieuses et vraiment philosophiques que renferme ce volume sont déparées par la pétition de principe évidente qui en fait le fond et que le lecteur a déjà relevée. L’auteur suppose constamment sans les prouver deux choses que le positivisme lui refuserait : 1o l’existence d’une volonté dans l’homme distincte de la résultante de ses phénomènes cérébraux ; 2o l’existence d’un but dans l’univers. Pour que la plus grande partie de son argumentation eût une sérieuse valeur, il aurait fallu prouver d’abord l’existence du libre arbitre et ensuite celle des causes finales. Faute de l’avoir fait, l’auteur ne nous a donné qu’un livre d’édification fort intéressant, mais non un livre de critique philosophique.

G. Fonsegrive.

Conta (B.). Les fondements de la métaphysique, traduit du roumain par D. Tescanu. 1 vol.  in-18 de 156 pages, faisant partie de la Bibliothèque de philosophie contemporaine ; Paris, F. Alcan, 1890.

Conta avait eu l’intention d’exposer son propre système philosophique dans un Essai de métaphysique que la mort l’a empêché de terminer. Cet essai aurait eu cinq chapitres : Les Fondements de la métaphysique ; le Monde ; l’Attraction et la Répulsion universelles ; l’Assimilation universelle, et l’Ondulation universelle. Il ne nous en est parvenu que des fragments ou des ébauches. C’était une ébauche de ses théories que les Premiers principes composant le monde, publiés l’an dernier et dont j’ai parlé ici même il y a quelque temps ; les points principaux du dernier chapitre de l’essai sont indiqués dans la Théorie de l’ondulation universelle, publiée en articles dans une revue roumaine et dont on nous promet une prochaine traduction française, accompagnée d’une notice biographique sur Conta. Enfin, l’ouvrage dont je vais donner un compte rendu représente, d’après l’avertissement du traducteur, auquel j’emprunte les renseignements qui précèdent, le commencement de l’Essai de métaphysique, la traduction du manuscrit roumain inédit, qui s’arrête brusquement au milieu du premier chapitre.