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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXII, 1891.djvu/130

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terme extrême à l’autre, on ne passe point nécessairement par tous les termes intermédiaires.

La condition de solidarité, ainsi figurée par des squelettes géométriques, n’est pas toujours satisfaite. On ne peut pas toujours assembler des relations d’une nature déterminée de manière qu’elles aient entre elles un lien de solidarité. C’est le cas de certaines relations d’équilibre, par exemple de celle d’équilibre chimique ; il n’est pas possible, dans l’état actuel de nos connaissances, de trouver un corps qui fasse respectivement équilibre à de la vapeur d’eau et à de l’azote. De là, la difficulté d’établir en chimie une notion générale de force chimique, de nature analogue à celle de la force mécanique.

6. Une seconde condition à laquelle doit satisfaire tout groupe de termes générateurs d’une relation est la condition de coexistence de toutes les relations qui unissent les termes. Par le mot coexistence, j’entends d’ailleurs, non pas une coexistence définie dans le temps, c’est-à-dire une relation de simultanéité ou de concomitance, non pas cette coexistence ordonnée qui constitue la relation causale, mais une coexistence indéfinie, indépendante de l’ordre de ses termes, et de toute considération de temps et de durée. C’est, au reste, généralement dans ce dernier sens que le mot est employé en logique[1],

Tout groupe générateur de relation doit donc être un groupe de relations solidaires et coexistantes. Cette condition de coexistence achève de préciser la solidarité, car deux relations conjointes qui ne coexistent pas nécessairement, contiennent une indétermination, tout aussi bien que deux relations qui n’ont pas de termes communs.

Moyennant les deux premières conditions, les termes associés forment un groupe cohérent, quelque chose d’indivisible logiquement, et dont une matière infiniment dure et compacte seule saurait nous donner une idée. Dans toutes les directions de relations qu’on peut imaginer dans un groupe cohérent, soit entre les termes, soit entre les éléments relationnels eux-mêmes, il y a toujours des liens, des relations, il n’y a pas de vicie.

7. Toute relation de deux termes, par sa définition même, ne suppose que deux éléments entièrement déterminés ; s’il intervient un troisième élément entièrement déterminé, il y a relation entre trois termes, et non entre deux termes. Donc toute relation entre

  1. La relation de coexistence indéfinie a reçu un grand nombre de noms : relation de convenance, d’agrément, d’attribution, etc., lien, connexion, etc.