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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXII, 1891.djvu/160

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égales ; ils ont des masses inégales, s’ils réduisent cette accélération de quantités différentes.

Il n’existe pas, en ce qui concerne la masse, de principe homologue de celui de l’égalité de l’action et de la réaction ; c’est qu’en effet la relation de transmission de mouvement n’est pas une relation symétrique ; elle a un sens qui est celui de l’accélération résultante, et elle ne comporte aucun point de ressemblance entre ses deux termes. Cependant elle fournit un rapport d’égalité, ce qui prouve que le rapport d’égalité ne dérive pas nécessairement de relations symétriques, et que le principe général d’indétermination est distinct de l’axiome sur la symétrie.

Je résume maintenant ce qui précède par la définition logique du rapport d’égalité de masse : c’est le rapport qui a pour matière des relations de transmission de mouvement par contiguïté, pour forme la forme binaire, pour condition et pour fondement l’exacte ressemblance entre les deux relations composantes.

Le rapport d’égalité de masse est comme le rapport d’égalité de force, une relation symétrique.

23. J’emprunte mon troisième exemple à la physique proprement dite, et je vais définir l’égalité de température.

La notion de température, comme en général toutes les notions fondamentales des sciences, est une notion plutôt sentie que comprise, et en fait on la confond avec la sensation de chaud et de froid. Il est cependant possible d’en donner une définition scientifique, et qui n’implique pas directement une comparaison quelconque entre des sensations, mais qui repose, comme toutes les autres notions scientifiques, sur nos notions d’espace ou de temps.

On sait que les variations des pressions ou tensions auxquelles peut être soumis un corps entraînent une variation de volume de ce corps, alors même qu’il ne subit aucun de ces changements qu’on appelle changements d’état physique, et changements d’état chimique ; cette propriété des corps comprimés ou tendus est appelée l’élasticité. Mais ce ne sont pas les seuls cas, en dehors des changements d’état, dans lesquels le volume des corps varie. On constate souvent que, dans certaines circonstances, des corps qui ne changent pas d’état chimique, et qui sont entourés d’un milieu à pression constante[1] éprouvent des changements de volume, qu’on ne peut attribuer, par conséquent, ni à une cause chimique, ni à une variation des forces mécaniques extérieures. Tous les phénomènes de ce genre,

  1. Ce sont à peu près les conditions des phénomènes naturels à la surface de la terre.