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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXII, 1891.djvu/219

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notices bibliographiques

ment la psychologie intime de l’idiot et de l’imbécile. Aussi, l’auteur qui a entrepris ce travail de synthèse, a-t-il été obligé constamment de se placer au point de vue surtout descriptif et c’est en somme une bonne description clinique de l’idiot et de l’imbécile qu’il nous présente, où on reconnaît la marque de l’école de M. Bourneville.

La conclusion pratique à tirer de cet ouvrage c’est que réellement, à part quelques exceptions, l’éducation de ces êtres inférieurs fait dépenser beaucoup d’argent, beaucoup de peine et de dévouement sans grand résultat. La conclusion d’ordre scientifique est plus encourageante. M. Sollier s’est trouvé en présence d’un sujet hérissé de difficultés, plus complexes qu’on ne le soupçonne généralement. Si nous mettons à part les critiques que nous avons cru devoir faire et celles que nous pourrions encore présenter, nous devons reconnaître qu’étant donné l’état embryonnaire de l’anatomie et de la physiologie des idiots, il était impossible de tirer un meilleur parti des matériaux psychologiques encore à peine ébauchés pour en faire une synthèse. Nous ne pouvons citer ici les observations ingénieuses, les remarques pratiques, si nombreuses dans ce volume. C’est un premier essai sur un sujet un peu oublié et dédaigné depuis longtemps, surtout en France. Le mérite de M. Sollier est de l’avoir tenté et de l’avoir réussi. Car si ce livre ne tient pas toutes les promesses psychologiques de son titre, on peut dire que les résultats plutôt cliniques et descriptifs qu’il contient, doivent être appréciés à leur juste valeur : ils serviront de point de départ pour les recherches ultérieures.

P. C.

E. Chambard. De la zone mitoyenne médico-judiciaire, tirage à part. Ext. du Journal de méd. de Bordeaux.

Cette brochure reproduit une conférence faite à l’asile de Cadillac sur les « dégénérés », aliénés et criminels qui oscillent toute leur vie entre la prison et l’asile. Pour l’auteur, les criminels sont des fous moraux, et ce n’est que par routine que l’on continue à vouloir séparer les criminels des fous.

Nous relevons, en passant, le fait suivant bien fréquent dans les asiles de Paris et qui montre combien en réalité la société est peu protégée contre les nuisibles, grâce à toutes les interventions occultes, ordinairement politiques, qui pénètrent si facilement dans l’intérieur des asiles d’aliénés. Un individu qui, à vingt-neuf ans, avait déjà subi une quinzaine de condamnations, a fini par être interné à Cadillac, grâce à l’intervention de sa famille qui lui évita ainsi la prison ; mais cette famille, par un détour habile, le fit remettre rapidement en liberté.

Il est vrai de dire que ces aliénés moraux troublent complètement les asiles où ils sont renfermés ; ils se révoltent même, comme on l’a vu dernièrement à Bicêtre. M. Chambard, considérant les criminels comme