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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXII, 1891.djvu/402

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de ne plus laisser de doute, lorsqu’il nous dit : « si l’état de conscience laisse un résidu, un enregistrement dans l’organisme, il n’agit pas seulement comme indicateur, mais comme condensateur. La métaphore de l’automate n’est plus acceptable. Ceci admis, bien des objections à la théorie de la conscience phénomène tombent d’elles-mêmes. Elle est complétée sans être infirmée. »

Il serait au moins inutile de nous étendre plus longuement sur ce premier point, car il paraît ressortir dès à présent de la lecture seule des textes que nous venons de produire, que c’est peut-être imprudemment qu’une telle théorie de la conscience a été prêtée par M. Fouillée à ces psychologues. Aussi, est-ce maintenant à la doctrine elle-même, formulée par cet auteur, que nous adresserons les objections dont elle nous semble passible. Sans doute, n’ont-elles pas la prétention d’infirmer la théorie générale, si logiquement déduite qu’il expose : elles rendent du moins discutables les prémisses dont elle découle.

Nous croyons avoir montré que, loin de contester toute efficacité, tout pouvoir, à la qualité consciente de l’idée, les auteurs incriminés par M. Fouillée ont admis l’influence indéniable de la partie mentale des phénomènes psycho-physiologiques sur leur partie physique. Mais il nous paraît excessif de concéder à toute pensée une activité en soi, qui constituerait en quelque sorte son essence, pas plus que nous ne saurions admettre sans restriction, que la conscience se réduisît presque à la seule conscience du vouloir, toute idée étant alors, par elle-même, une idée-force.

Nous réservons pour l’instant l’examen approfondi que méritent les exemples qu’a tirés M. Fouillée des phénomènes de l’hypnotisme, nous en tenant d’abord à l’étude critique de cette théorie fondamentale.

La puissance de l’idée est manifeste dans tout acte réflexe. Sous l’influence d’une excitation semblable, une réaction variable se produira, du fait de la cérébration — idée — intercalée entre le point de départ et d’arrivée de l’arc.

Supposons, par exemple, que je tienne à la main un pistolet. Si je pose le doigt sur la gâchette, cette sensation peut éveiller, par association, l’idée de presser la détente. Or, plusieurs solutions sont à ce moment susceptibles d’intervenir ; l’idée est capable en se réalisant de causer des effets différents : 1o l’idée trop faible n’agira qu’imparfaitement, je me contenterai d’appuyer le doigt sur