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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXII, 1891.djvu/409

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notes et discussions

vis-à-vis les uns des autres. La perte de la mémoire auditive des mots n’entraîne pas, par suite, l’impossibilité de faire les mouvements nécessaires à les articuler ; de même que la perte de la mémoire visuelle n’est pas forcément suivie de l’impuissance d’exécuter les actes d’où résulte l’écriture[1].

Donc, pas plus dans les cas d’anesthésie que dans ceux d’aphasie sensorielle, on ne voit, comme le croit l’auteur, les suppressions d’images sensitives être suivies de suppressions d’images motrices.

Les mouvements dans un cas comme dans l’autre sont en effet dus à l’évocation, non pas d’images sensitives, mais bien d’images kinesthésiques.

C’est toujours pour mettre en valeur l’action des idées-forces sur le physique, que M. Fouillée invoquera un exemple de thérapeutique dû à l’hypnose dont le choix prête également à contestation. Au cours d’une bronchite, l’idée de santé suggérée amènerait par sa puissance seule le retour à la santé. Admettons qu’on puisse donner par suggestion l’idée de santé, encore est-il que l’idée de santé, correspondant à une abstraction, devient plus difficilement suggestible qu’une idée concrète.

Est-il admissible que cette action suffise à combattre les microbes pathogènes, facteurs les plus habituels des maladies inflammatoires des bronches ?

Ce que nous savons mieux, par contre, c’est l’importance des actes inconscients qui président à la défense de notre organisme dans les mêmes circonstances : influence bactéricide du sérum, produite par les sécrétions microbiennes, et provoquant par réaction nerveuse la vaso-dilatation qui favorise elle-même la phagocytose, ou la destruction des bacilles.

En somme, pour ce qui concerne la thérapeutique de l’hypnose, il demeure acquis que l’action du facteur psychique est des plus minimes, relativement à celle du facteur non psychique qui est certaine.

Nous signalerons sans y insister les phénomènes de télépathie et de suggestion sur lesquels M. Fouillée croit pouvoir s’appuyer encore. Disons seulement que s’autoriser de ce qu’ « un téléphone reproduit à une distance énorme les vibrations reçues » pour en inférer la possibilité de la télépathie, c’est oublier le fil métallique dont on utilise la conductibilité ; jusqu’à présent, l’on n’a pas encore construit de téléphone télépathique, c’est-à-dire impression-

  1. Telle est du moins l’opinion de M. Charcot et de nombreux auteurs : cette opinion est basée sur des observations incontestables. Nous devons dire toutefois que plusieurs auteurs allemands (Wernicke, Liehtheim) admettent la subordination des centres moteurs aux centres sensoriels.