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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXII, 1891.djvu/426

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disposée pour tenir la main bien fixée. L’autre écrit les contractions sur un cylindre enfermé qui tourne lentement, comme cela se fait dans toutes les recherches graphiques. La main droite étant solidement posée sur l’ergographe, une corde est attachée à la deuxième phalange du doigt médian et à l’extrémité de cette corde un poids de 3 kilogrammes. L’appareil enregistreur écrit la hauteur à laquelle le poids est soulevé par chaque contraction du doigt. Un métronome bat la seconde, et c’est d’après ce rythme que le sujet contracte les fléchisseurs du doigt. La courbe ainsi obtenue montre que la hauteur des contractions va graduellement en diminuant jusqu’à ce que, par suite de la fatigue, les muscles n’aient plus la force de soulever le poids et que par conséquent le tracé cesse. Cette expérience faite sur plusieurs personnes montre une assez grande diversité dans le mode d’apparition de la fatigue. L’un produit 45 contractions successives dont la hauteur décroît très lentement, puis brusquement la force nécessaire pour contracter les muscles fait défaut. Chez d’autres, la décroissance se fait progressivement et ce n’est qu’après une diminution continue que l’arrêt se produit. « L’ergographe enregistre des choses encore plus intimes et plus caractéristiques de notre individu, à savoir, la manière dont nous nous fatiguons et, de plus, que ce signe particulier reste constant. Si chaque jour, à la même heure, avec le même poids et le même rythme, nous faisons une série de contractions, nous obtenons des tracés qui présentent le même profil, et l’on se convainc que le type individuel de la fatigue reste constant. Depuis sept ans que je fais des recherches avec mon appareil, les courbes des diverses personnes ont peu changé » (p. 114). Il est bien entendu pourtant que ceci n’est vrai qu’à condition que l’état de santé demeure le même ou du moins varie peu.

Dans une autre série d’expériences, l’auteur s’est proposé d’éliminer l’élément psychique ; car dans les recherches précédentes, la contraction est toujours l’effet d’un acte de volonté. L’intervention de cet état mental pouvant altérer la courbe de la fatigue dans les muscles, l’auteur a employé un courant électrique appliqué sur la peau, produisant ainsi une « fatigue artificielle » ; on peut aussi exciter le nerf au lieu d’agir directement sur le muscle. « Le facteur psychique étant exclu, la courbe n’en conserve pas moins une certaine ressemblance avec la courbe volontaire » (p. 122). Toutefois, la ressemblance ne peut être parfaite, parce que dans ces expériences le doigt ne soulève plus qu’un poids de 1 kilogramme ; le courant électrique nécessaire pour 3 kilogrammes serait trop fort. De là résulte que nous devons transporter à la périphérie et dans les muscles certains phénomènes de fatigue que l’on croit d’origine centrale (p. 124).

Nous ferons remarquer que d’après les expériences faites au laboratoire de Mosso par Lombard (publiées dans The American Journal of Psychology, t.  III, fasc.  I, p. 25 et suiv.), les contractions volontaires, comparées à celles produites par l’électricité, ne diminuent