Aller au contenu

Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXII, 1891.djvu/431

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
421
ANALYSES.a. winter. The New -York State reformatory.

laissons au lecteur le soin de lire lui-même les derniers chapitres du livre, que cette analyse est loin d’avoir épuisé. Il y trouvera des considérations intéressantes sur l’âge, sur les caractères physiques et mentaux du criminel, et enfin des conclusions pratiques sur la peine, qui sont formulées avec bon sens et réserve. Á notre avis, l’ouvrage de M. M. mériterait d’être traduit ; il formerait un des bons volumes de notre bibliothèque spéciale du crime et de la peine, si riche qu’elle soit déjà.

Lucien Arréat.

Alexander Winter. The New-York State reformatory in Elmira. (London, Sonnenschein, 1891.)

Voici encore un bon livre. M. Havelock Ellis, qui en a écrit la préface, fait honneur à l’ancien continent d’avoir commencé l’anthropologie criminelle ; mais c’est dans le nouveau que le traitement pratique du criminel a été essayé d’abord. Par une curieuse coïncidence, l’école réformatrice d’Elmira a été fondée par M. Z. R. Brockway, un de ces hommes d’initiative que nous devons envier à l’Amérique, en 1876, l’année même où Lombroso publiait l’Uomo delinquente. L’ouvrage de M. W. fera connaître parfaitement l’économie de cette institution modèle. Il n’entre pas dans le cadre de cette Revue d’en donner le résumé ; nous ne pouvons qu’en recommander très vivement la lecture. Les criminalistes n’y auront pas seuls profit. Les moralistes, les psychologues, liront avec un intérêt particulier, dans le chapitre École, le rapport de M. le prof. Charles A. Collin, chargé des conférences de morale pratique ; avec non moins d’intérêt le chapitre consacré à l’éducation physique.

L’école réformatrice d’Elmira reçoit les condamnés de 16 à 30 ans, n’ayant pas subi de condamnation antérieure ; elle les rend à la société pourvus de qualités morales et d’habitudes régulières qui préviennent ordinairement la récidive. L’expérience qui s’y poursuit depuis quinze années prouve que l’on peut et doit, comme Garofalo en a exprimé le vœu, réformer notre ancien régime des prisons, et qu’il est possible, dans nombre de cas, de relever le délinquant en l’obligeant à conquérir lui-même sa libération.

Le code pénal est à refaire ; cela est hors de doute. Mais il serait sage d’en préparer la réforme par des dispositions transitoires comme celles que l’État de New-York a le premier adoptées. Le temps nous presse ; il y a mieux à faire pour une démocratie que de revenir par des chemins détournés à la pratique du panem et circenses. Ne soyons pas indulgents aux mœurs et aux maximes qui accroissent chaque jour l’armée du crime et rendent aussi plus difficile la solution d’un problème redoutable.

L. A.