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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXII, 1891.djvu/589

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a. fouillée. — origine de notre structure

quent la vie même avec ses tendances fondamentales. La structure cérébrale doit donc, en définitive, s’expliquer par des raisons physiologiques, c’est-à-dire par les fonctions essentielles de la vie et par la synergie qu’elles entraînent entre les organes. Parallèlement, les traits particuliers de la structure psychique doivent s’expliquer par la fonction radicale qui constitue la vie psychique elle-même : désirer, vouloir. C’est dans l’appétition ou volonté, subissant l’action du dehors et réagissant en conséquence, que doivent se trouver, selon nous, les dernières raisons de nos croyances.

Les partisans de l’association et ceux mêmes de l’évolution, tels que Spencer, ont le tort de trop considérer l’intelligence comme une sorte de table rase où viendraient passivement et mécaniquement s’imprimer les marques du dehors ; ils s’en tiennent au même point de vue abstrait de l’entendement qu’ont choisi leurs adversaires spiritualistes. En fait, nous ne sommes point une cire molle et passive recevant des empreintes, nous réagissons ; notre affaire est, non pas de refléter les choses, mais d’écarter la douleur et de retenir le plaisir, de vouloir, d’agir et de vivre. La nécessité vitale est mère de l’industrie intellectuelle. C’est ce qu’oublient également les idéalistes, préoccupés des formes préétablies dans l’intelligence et que l’intelligence, selon eux, imposerait ensuite à la nature. Ils se tiennent trop dans l’abstrait. Schopenhauer, par exemple, fait du « principe de raison suffisante », identique à celui d’intelligibilité universelle, une forme inhérente à la constitution de l’esprit sans qu’on sache pourquoi, et qui n’a d’autre but que d’introduire l’ordre dans le monde de la « représentation » en le plaçant « sous le sceptre de la loi ». C’est trop songer à la représentation en oubliant la volonté. Le principe de raison suffisante et les autres de ce genre sont des instincts intellectuels : or les instincts ont leur première origine, au point de vue physiologique, dans une organisation des mouvements de réaction ayant pour objet la vie ; ils ont leur seconde et radicale origine, au point de vue psychologique, dans le désir ou vouloir cherchant à se satisfaire par des actes appropriés. Il faut donc montrer le rapport intime qui relie les croyances nécessaires, principalement les principes d’identité et de raison suffisante, aux lois biologiques des réactions motrices et aux lois psychologiques du désir ou du vouloir.

II

La vie a pour première loi de se conserver, pour seconde loi de se développer. Selon nous, ces lois vitales sont l’origine physiolo-