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Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXXII, 1891.djvu/74

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Le Purusha-Agni étant un homme, possède pensée ou désir, œil, bouche et souffle. Son désir (manah) crée la lune par raison étymologique, le nom de cet astre, candramah, pouvant s’entendre, en effet, dans le sens de « celui dont la pensée est brillante ».

L’œil (ou l’éclat, — le mot a les deux sens) du Purusha produit le soleil par ressemblance de nature ; — la lumière engendre ou vivifie le lumineux.

La bouche du Purusha est destinée à boire la libation, et c’est en buvant la libation qu’Indra et Agni naissent et vivent.

Enfin, le souffle du Purusha-Agni s’exhale dans l’atmosphère et engendre ainsi le vent, toujours en vertu du principe similia similibus.

14

Nâbhyâ âsîd antariksam
çîrsno dyauh sam avartata.
Padbhyâm bhûmir diçah çrotrât
tathâ lokân akalpayan.

« De son nombril sortit l’atmosphère ; de sa tête se développa le ciel ; de ses pieds sortit la terre ; de son oreille vinrent les points cardinaux. C’est ainsi qu’ils (les dieux) firent les mondes. »

Ici les détails cosmogoniques reposent sur des rapports de juxtaposition. L’atmosphère, ou mieux la partie du ciel voisine de la terre, ou intermédiaire eu égard à la terre placée au-dessous et au ciel qui est au-dessus, correspond au nombril, le milieu du corps du Purusha-Agni. Mêmes relations entre le ciel et sa tête, la terre et ses pieds, les points cardinaux et ses oreilles, celles-ci occupant une partie latérale de la tête comme ceux-là les parties latérales du ciel, ou l’horizon. Il est naturel, du reste, au point de vue de la doctrine, que les différentes parties de l’univers s’alimentent au feu du sacrifice par les parties mêmes de celui-ci avec lesquelles elles se trouvent en contact immédiat.

Les dieux qui créent ainsi les mondes sont ceux du sacrifice, à savoir Agni et Soma.

15

Saptâsyâsan paridhayas
trih sapta samidhah krtâh.
Devâ yad yajnam tanvânâ
abadhnan purusam paçum.

« Il y eut sept enceintes ; et trois fois sept allumages furent faits quand les dieux, perpétuant le sacrifice, lièrent (sur l’autel) l’homme (en guise de) bétail. »