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confirmé la théorie des ondulations. Son mémoire sur la diffraction de la lumière fut couronné par l’Académie des Sciences en 1819. La commission de l’Académie présenta son rapport à l’unanimité ; elle renfermait cependant, sur cinq membres, trois partisans déclarés de la théorie de l’émission : Laplace, Biot et Poisson. Ce mémoire porte cette épigraphe qui rappelle la devise de Boerhaave : Natura simplex et fecunda. Je transcrirai ici une partie de l’introduction qui renferme un excellent traité de la méthode écrit par un homme des plus compétents :

« Avant de m’occuper spécialement des phénomènes nombreux et variés compris sous la dénomination commune de diffraction, je crois devoir présenter quelques considérations générales sur les deux systèmes qui ont partagé jusqu’à présent les savants relativement à la nature de la lumière. Newton a supposé que les molécules lumineuses lancées des corps qui nous éclairent arrivent directement jusqu’à nos yeux, où elles produisent, par leur choc, la sensation de la vision. Descartes, Hooke, Huyghens et Euler, ont pensé que la lumière résultait des vibrations d’un fluide universel extrêmement subtil, agité par les mouvements rapides des corps lumineux, de la même façon que l’air est ébranlé par les « vibrations des corps sonores ; de sorte que, dans ce système, ce « ne sont plus les molécules du fluide en contact avec les corps lumineux qui parviennent à l’organe de la vue, mais seulement le mouvement qui leur a été imprimé.

« La première hypothèse a l’avantage de conduire à des conséquences plus évidentes — parce que l’analyse mécanique s’y applique plus aisément : la seconde, au contraire, présente sous ce rapport de grandes difficultés. Mais, dans le choix d’un système, on ne doit avoir égard qu’à la simplicité des hypothèses ; celle des calculs ne peut être d’aucun poids dans la balance des probabilités. La nature ne s’est pas embarrassée des difficultés d’analyse, elle n’a évité que la complication des moyens. Elle paraît s’être proposé de faire beaucoup avec peu : c’est un principe que le perfectionnement des sciences physiques appuie sans cesse de preuves nouvelles[1].

« L’astronomie, l’honneur de l’esprit humain, en présente surtout une confirmation frappante ; toutes les lois de Kepler ont été

  1. Si la chimie, dans ses progrès, paraît faire une exception à cet égard, cela tient sans doute à ce qu’elle est encore peu avancée, malgré les pas rapides qu’elle a faits depuis trente ans. Mais on peut déjà remarquer que les proportions des nombreuses combinaisons qu’elle présente, qui avaient paru d’abord soumises chacune à des lois particulières, sont embrassées maintenant dans des règles générales d’une grande simplicité (note de Fresnel).