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À PROPOS DE SAUVETAGE

fan-tan. Autour d’une table recouverte d’une natte qui forme « tapis jaune », sont assis les joueurs, sur des bancs. À l’extrémité le croupier, un gros homme, nu jusqu’à la ceinture, a placé devant lui un tas énorme de sapèques. Il en prend une poignée, au hasard, la met à part, et la couvre d’une petite coupe, puis il appelle les jeux. Chacun des assistants mise un, deux, trois ou quatre en plein. À l’aide d’une baguette, le croupier compte alors les sapèques, lentement, quatre par quatre. Il en reste à la fin une, deux, trois ou quatre et ce nombre restant désigne le gagnant. Tout se passe calmement, de façon monotone, à la lueur d’un quinquet qui fume et dont l’odeur se mêle à la puanteur du local, mais les joueurs suivent l’opération du croupier avec une attention que rien n’éveille, pas même notre présence. Dans l’intervalle de deux parties, chacun prend des notes, fait ses comptes sur un petit carnet ; quelques-uns, à bout de ressources, viennent trouver le caissier, engageant qui une bague, qui un bracelet, qui une chaîne…, la banque n’achète que les objets en or, au poids. Et ça dure toute la nuit, pour la fortune des tenanciers de tripots et de monts-de-piété, et pour la honte du gouvernement local. « Canton est regardée par les Chinois, écrivait autrefois La Place, le navigateur, comme le refuge de tous les mauvais sujets des pays voisins, et Macao comme la sentine de Canton. » À qui la faute, Messieurs ? Allez donc après cela vanter aux indigènes les bienfaits de notre civilisation occidentale ! Défendez-la. Pour nous qui avons parcouru le monde, nous avons trop souvent constaté ses erreurs pour nous faire son bon avocat.


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À PROPOS DE SAUVETAGE



Que nous soyons très-arriérés en matière de sauvetage, la catastrophe de Courrières, à défaut de l’exemple encore récent du Farfadet, le prouve, hélas ! surabondamment. Les démonstrations de l’étranger ne nous servent de rien à cet égard ; nous voyons, nous admirons mais nous ne nous efforçons pas d’imiter ; nous vivons même, à ce point de vue, dans une indifférence béate qui nous pré-