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REVUE POUR LES FRANÇAIS

La France a un intérêt capital à reprendre aujourd’hui le plan d’Henri iii. Bien entendu, il le faut modifier conformément aux nécessités présentes ; il ne s’agit plus en effet d’un État protégé devant servir en orient de boulevard à la puissance française ; il s’agit d’une sœur émancipée, riche de pleines réalités et de belles espérances, à laquelle nous unissent les souvenirs et les sentiments issus de communes origines latines et qui, volontiers, travaillerait avec nous au développement pacifique de la civilisation française. Renoncer par inertie à un pareil avantage, en vérité ce serait folie.


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LES

PRÉCURSEURS DE LA PUISSANCE ANGLAISE


(Suite et fin)



ii. — CROMWELL


Ce nationalisme insulaire perdit les Stuarts qui ne surent point y sacrifier et éleva Cromwell, habile à s’en faire le champion.

L’acuité des disputes religieuses d’alors nous masque la prédominance en toutes choses de ce sentiment. Jacques ier ne redouta pas d’entraîner l’Angleterre dans la guerre de Trente ans pour défendre les droits de son gendre l’Électeur palatin Frédéric, devenu roi de Bohême en 1619. Ce Frédéric était bien le chef des calvinistes allemands mais c’était le point de vue dynastique qui primait chez le roi d’Angleterre toute autre considération. Si zélé protestant qu’il fut, Jacques songeait à sa famille avant de songer à ses sujets. Avec Charles ier, ce fut pire encore ; il guerroyait par vanité royale pour se donner du prestige, pour consolider sa couronne. L’Angleterre se sentait un jouet dans sa main ; dès le principe, il exista entre le peuple et le souverain un malentendu profond ; là encore la question religieuse ne se dressait qu’en façade. La reine était plus impopulaire à cause de sa race que de son culte : on lui reprochait d’être française plutôt que d’être catholique ; il est vrai qu’elle n’avait pas encore demandé de subsides au pape et