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REVUE POUR LES FRANÇAIS

modification de nature à entraîner de la part du gouvernement une variation de conduite correspondante. »

— « Les derniers événements en Espagne et en Portugal ont montré que l’Europe était encore agitée. On n’en saurait apporter une preuve plus décisive que le fait, pour les puissances alliées d’avoir jugé opportune une intervention armée dans les affaires de l’Espagne. Jusqu’à quelle limite une intervention basée sur les mêmes principes peut être poussée, est une question qui intéresse toutes les puissances indépendantes dont les systèmes politiques diffèrent de celui de la Sainte-Alliance, même les plus éloignées, et aucune puissance assurément au même degré que les États-Unis. Notre politique vis-à-vis de l’Europe, adoptée au premier moment des guerres qui l’agitèrent si longtemps, demeure la même, et elle consiste à ne pas intervenir dans les affaires intérieures d’une puissance quelconque, à considérer le gouvernement existant comme le gouvernement légitime, à entretenir avec lui des relations amicales, à maintenir ces relations par une politique loyale, ferme et virile, à accueillir dans toutes les circonstances les justes réclamations des pays étrangers, mais à ne souffrir d’injustice d’aucun d’eux. Mais en ce qui concerne les continents Nord et et Sud de l’Amérique, les circonstances sont éminemment et visiblement différentes. Il est impossible que les puissances alliées étendent leur système politique à une partie quelconque de ces deux continents sans mettre en danger notre paix et notre honneur, et personne ne peut croire que, laissés à eux-mêmes, nos frères du Sud adopteront spontanément ce système. Il est également impossible que nous considérions une semblable intervention, quelle que soit sa forme, avec indifférence. Si l’on compare les forces et les ressources respectives de l’Espagne et des nouveaux gouvernements, ainsi que de leur éloignement, on doit reconnaître comme évident que jamais l’Espagne ne parviendra à les soumettre. Il est de la vraie politique des États-Unis de laisser les parties à elles mêmes, dans l’espoir que d’autres puissances suivront la même ligne de conduite. »




Ainsi Monroë affirmait, en termes catégoriques, que les puissances européennes ne pourraient plus établir de colonies sur les