plus alors d’autorité que sur leur propre clan, et l’unité sembla brisée. Les rois Théodore et Jean, commencèrent à lutter pour son rétablissement. Tâche géante, que leur successeur Ménélik II mena à bien.
En 1889, Ménélik, roi du Choa, fut proclamé Empereur d’Éthiopie et restaura la Maison de Salomon sur le trône de ses pères.
Mais l’Éthiopie restait toujours divisée contre elle-même. Ménélik II avait encore à conquérir une partie de son empire. Une complication extérieure servit sa cause en provoquant, comme autrefois, l’union armée de la nation entière contre l’étranger.
L’Italie, voisine de l’Abyssinie par ses colonies d’Érythrée, crut voir une proie facile en ce royaume de constitution apparemment si anarchique, et fit savoir à Ménélik son intention de le « protéger. » Les indigènes de tous pays savent aujourd’hui ce que vaut la « protection » d’une grande puissance européenne. Ménélik en était instruit. Il refusa, et la guerre éclata aussitôt. Guerre stupéfiante qui révéla au monde une puissance jusque-là méconnue.
Confiant dans la justice de sa cause, Ménélik comptait sur un secours de l’Europe. Son illusion dura peu : on le croyait alors trop faible pour lui venir en aide. Il marcha seul. Ayant restitué au gouvernement italien l’intégralité des sommes qu’il en avait précédemment reçues à titre de prêt, il déclara solennellement et chrétiennement qu’il ne serait jamais le vassal du roi Humbert, rallia ses partisans, disciplinés par la menace étrangère, et se mit en campagne.
Après quelques succès faciles, l’armée italienne fut défaite à Amba-Alaghi et Ménélik lui-même mit le siège devant la place de Makallé. Ici, ce fils de Salomon commit une belle action : la garnison italienne manquait d’eau ; l’ayant appris, l’empereur fit proclamer qu’il trouvait le combat inégal et qu’il ne voulait pas « que des chrétiens meurent comme des chiens », alors il les ravitailla et les fit sortir librement.
Cette générosité hautaine, un peu humiliante, exaspéra les Italiens qui voulurent une action décisive. Elle advint… pour leur