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REVUE POUR LES FRANÇAIS

bles. La diversité des altitudes et des climats permet une variété extrême de cultures : en bas, la canne à sucre, le coton, le café, le mûrier, etc… en haut, les céréales et de magnifiques pâturages capables d’élevage intensif.

Le sous-sol semble riche : le peu qu’on en connaît nous autorise à l’affirmer. Le gouvernement local a longtemps refusé tout permis de recherches et les accorde encore assez difficilement. On y trouve l’or alluvionnaire, le charbon, le naphte, le fer, le soufre, le sel et quantités d’eaux thermales.

Jusqu’à présent ces richesses sont demeurées inexploitées, les indigènes ne produisant que pour leurs besoins. Les débouchés ne leur manqueraient pas, mais l’isolement où ils se trouvent par défaut de communications les empêche d’y atteindre. Les transports sont difficiles, longs, coûteux ; les frais, énormes. Le commerce extérieur est loin d’être en rapport avec la richesse du pays.

Le commerce intérieur est assez actif. L’Éthiopien est né commerçant, il a le génie du troc et, en toutes circonstances, trouve moyen d’en faire preuve. Malgré les entraves de toutes sortes, l’absence de chemins, l’abondance des péages, des octrois, des prohibitions, des impôts, les échanges sont infiniment multipliés.

La monnaie en cours est le talari — thaler — dont la valeur moyenne est 2 fr. 40.

Les pièces en usage sont presque toutes à l’effigie de Marie-Thérèse d’Autriche et au millésime de 1780. Cette monnaie est encore très répandue parmi les peuplades africaines non colonisées. Depuis 1898, l’Éthiopie possède également une monnaie nationale, frappée à Paris et gravée par Chaplain ; elle porte sur une face l’effigie couronnée de Ménélik ii ; sur l’autre face, le lion couronné d’Éthiopie et la croix copte — analogue à la croix grecque.

Il existe des 1/2 et des 1/4 de talari de cette catégorie, mais le plus souvent les indigènes font usage, comme monnaie divisionnaire, de barres de sel qu’ils nomment amoulet. Leur forme est rectangulaire et leur poids d’environ 600 grammes : il y en a 4 à 6 au talari. C’est une monnaie très incommode, lourde encombrante, et difficile à conserver en raison de sa matière fongible.

L’industrie éthiopienne est morte, ou n’est pas encore née. Il n’y a pas d’art national digne de ce nom.