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Page:Revue pour les français, T1, 1906.djvu/404

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REVUE POUR LES FRANÇAIS

colonial sur la non valeur du Cambodge a trouvé l’occasion de renaître. Ne le laissez pas s’enraciner dans votre esprit, car tous les faits récents l’ont à jamais détruit. Ayant multiplié en Cochinchine, en Annam, au Tonkin, les entreprises utiles à la mise en valeur de ces pays, l’administration coloniale a persisté longtemps à laisser le Cambodge à l’écart. Dès qu’elle a bien voulu s’en occuper, elle a de suite reconnu la richesse de son sol et la valeur de sa population, et lui prédit dès à présent un très brillant avenir économique.

Bien arrosés, ses territoires sont presque partout susceptibles de culture et d’élevage intensifs. Ses exportations de riz à destination du Japon et de la Chine sont déjà énormes ; le coton, le jute, la ramie y poussent communément, susceptibles d’alimenter des industries considérables ; le mûrier y vient bien, l’élevage des vers à soie y promet d’excellents résultats ; le café, le cacao, le tabac y produisent des espèces appréciées ; ses forêts sont très vastes et riches en belles essences ; enfin ses pâturages nourissent d’immenses troupeaux de bœufs, de buffles, de chevaux. Ajoutez à cette énumération des richesses agricoles du Cambodge ses réserves minières, encore fort peu connues, des Montagnes du Nord et de l’Ouest et vous reconnaîtrez avec nous que le royaume de Sisowath n’est pas indigne de figurer dans l’admirable groupe de pays qui composent l’Indo-Chine française.

La comédie du désarmement.

L’Angleterre, faisant mine d’exécuter les bonnes promesses répandues dans tous les discours de ses ministres, a décidé de réduire ses dépenses navales de 37 millions de francs pour l’exercice 1907. « Il faut donner l’exemple, s’est écrié Sir Henry Campbell Bannermann », et là-dessus tous les pacifistes du monde — au moins tous ceux qui affichent bruyamment cette qualité — d’applaudir l’Angleterre amie de la paix et d’exiger dans leur propre pays les mêmes « preuves de bonne volonté ». Ainsi sans l’énergique résistance de M. Thomson, Ministre de la Marine, la France allait, sur la foi de cette affirmation : « l’Angleterre réduit ses armements » arrêter l’exécution de son programme de constructions navales.

L’Angleterre nous joue là une belle comédie ! Elle possède en