Aller au contenu

Page:Revue pour les français, T1, 1906.djvu/454

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
330
REVUE POUR LES FRANÇAIS

la souveraineté peu libérale du roi de Hollande. Les Flamands s’en fussent encore accommodés, à condition de pouvoir pratiquer librement le catholicisme mais pour les Wallons, français de langage et d’instinct, cette condition était insuffisante. Aussi, aux approches de 1830, envisageait-on le moment où le royaume des Pays-Bas se désagrégerait et devrait céder à la France ses provinces wallonnes. Le prince de Polignac s’intéressait fort à ce projet et se flattait de le mener à bien. La révolution de 1830 y coupa court. L’honneur de jeter bas un ministre impopulaire fut, comme on le voit, fort coûteux. À la nouvelle des événements dont Paris avait été le théâtre, Bruxelles se souleva ; le gouvernement néerlandais fut renversé et l’État belge se constitua avec le double appui des baïonnettes françaises et de la diplomatie anglaise. Depuis lors, on peut dire que la Belgique n’a songé qu’à bien vivre et à s’enrichir, ce à quoi elle est parvenue. Le souci de sa défense ne la troublait guère. On prétend qu’en 1850, le roi Léopold Ier disait de son peuple « qu’il faisait de son mieux pour décourager ceux qui auraient l’intention de le défendre. » Le mot serait encore de saison. Cependant, les convoitises qu’excite une fortune poussée à l’extrême s’étant maladroitement révélées en Allemagne, l’opinion belge a commencé d’évoluer. Voici d’autre part que l’Angleterre s’émeut et que la Hollande s’inquiète. Bons symptômes. Une ligue défensive économique et militaire se créant entre Bruxelles et La Haye, avec le patronage de la France et de l’Angleterre, c’est une garantie de paix pour toute l’Europe occidentale ; il n’est pas trop tôt pour y songer ; il est même un peu trop tard mais mieux vaut tard que jamais. Si les Belges ont le sentiment de ce qu’exige la situation, ils mettront les morceaux doubles.

Massacres d’Orient.

Ce qui est nouveau, cette fois, c’est que les Turcs n’y sont pour rien. C’est de Bulgares à Grecs que se portent les coups et réciproquement. On doit même reconnaître que les loyaux efforts d’Hilmi Pacha en Macédoine ne cessent de s’exercer, mais vainement, en faveur d’une pacification désormais bien difficile à obtenir. L’heure paraît avoir sonné d’une bataille d’ensemble entre l’hellénisme et ses adversaires. L’hellénisme est un rude combattant : il bénéficie à la fois de ses forces présentes qui sont consi-