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LES LENTEURS DE LA PROCÉDURE

progrès pourraient être réalisés pourtant sans longues discussions juridiques.

En voici un exemple : un commerçant de Paris qui envoie une lettre recommandée à un correspondant de Marseille est certain d’obtenir une réponse au bout de quelque quatre jours. Or un plaideur de Paris qui fait parvenir à Marseille un exploit d’huissier (seul mode pour correspondre judiciairement) ne pourra avoir sa réponse qu’après trente-quatre fois vingt-quatre heures ; dix-sept jours pour l’aller et dix-sept jours pour le retour. Pourquoi cela ? Parce que les délais de distance du code de procédure ont été calculés en 1807 à raison d’un jour par trois myriamètres. Ils ont été modifiés depuis par la loi de 1882, laquelle a porté la distance légale parcourue en un jour à cinq myriamètres ou cinquante kilomètres. Mais, depuis cette époque, tous les ministres de la justice qui se sont succédé au pouvoir ont négligé de tenir compte du progrès réalisé depuis 1862 dans les moyens de locomotion. Quand aurons un ministre de la justice assez audacieux (!) pour proposer d’abréger les délais de distances ?


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BIBLIOGRAPHIE



Les périodes de fin d’années sont peu favorables au mouvement bibliographique et les chroniqueurs sont tout aux livres d’étrennes. C’est qu’en effet le livre d’étrennes s’est haussé dernièrement jusqu’aux frontières de la science et de la littérature, tandis que, de progrès en progrès, ses illustrations atteignaient les approches du grand art. La jeunesse de 1906 a été particulièrement bien traitée sous ce rapport, mais il est trop tard pour en parler.

Passant à un autre ordre d’idées, il convient de signaler en premier lieu l’achèvement de cette série magistrale que le vicomte d’Avenel a intitulée le Mécanisme de la Vie moderne et dont le tome cinquième et dernier vient de paraître chez l’éditeur Armand Colin ; il contient des études sur les grandes hôtelleries, les transports urbains, l’industrie des porcelaines et celle des tapis. M. d’Avenel a eu le double mérite de découvrir des sujets d’analyse auxquels personne ne songeait et les ayant découverts d’en rendre les aspects les plus ardus parfaitement clairs et vivants, on pourrait dire parfaitement captivants, car il est tel de ses chapitres qui présente tout l’attrait d’une tragi-