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REVUE POUR LES FRANÇAIS

Les exportations de la Guyane ont atteint dans ces conditions 10.650.000 francs en 1904, représentées aux 9/10 par l’or. Ce chiffre élevé, dû à la vente d’un seul produit, dans un pays dénué de moyens de transports et de communications, prouve sa puissance de production et justifie l’espoir que placent en son réveil ceux d’entre nous qui la connaissent.

Voilà toute l’Amérique française : 434.000 habitants sur 82.000 kilomètres carrés de territoires dispersés sur un continent de 38.500.000 kilomètres carrés peuplé de 147.200.000 habitants !

Il est certain que nous n’en pouvons tirer aucun moyen d’action politique sur cette partie du monde qui affirme chaque jour la prétention de s’appartenir selon la célèbre formule « l’Amérique aux Américains ». Nous devons pourtant les apprécier, hors de leur valeur intrinsèque, comme un point d’appui utile sur la route du futur canal de Panama et vers les grandes nations latines de l’Amérique du Sud unies à nous par tant de liens qu’il importe de perpétuer.


L’OCÉANIE FRANÇAISE


Étant donnée la part glorieuse échue à nos navigateurs dans la découverte et l’exploration du Pacifique sud, on s’étonne à bon droit que la France n’y occupe pas un plus grand nombre de territoires. Nos marins n’ont pas, hélas ! témoigné d’un sens politique à la hauteur de leur courage : l’un d’eux, un amiral je crois, débarqué en Nouvelle-Zélande bien avant qu’elle ne fût anglaise, trouva « ce rocher » indigne d’être abrité par le drapeau français et se retira sans l’y avoir planté ; un de ses successeurs commit plus tard la même impardonnable erreur à propos des Nouvelles Hébrides.

Les Anglais, qui passèrent après nous, surent mieux prévoir et se montrèrent moins dédaigneux. Voilà pourquoi l’Océanie, grande comme l’Europe continentale, leur appartient presque en totalité