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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

souvent affirmée en faveur de la France. Nous lui devons le maintien de l’enseignement du français dans les universités locales. Une commission chargée de la revision des programmes ayant émis l’avis qu’il devait être supprimé, le comité du cercle se dressa contre cet avis, organisa des conférences de protestation, répandit dans toutes les villes de l’Inde des publications de circonstance et la copie d’une lettre magnifique adressée au gouvernement, bref il mena une si ardente campagne qu’il obtint toute satisfaction.

Vous croyez sans doute que la France s’empressa de lui témoigner sa gratitude et de seconder son initiative ? Détrompez-vous. Pendant quelques années le ministère de l’instruction publique lui envoya des livres de prix et même quelques rubans violets. C’était peu, mais c’était quelque chose, et le cercle s’en contentait. À présent tout est supprimé depuis que se trouve à Bombay un consul général de France assez malheureux pour avoir déclaré la guerre au cercle littéraire français dans les conditions que voici.

Depuis la fondation du cercle, le consul général de France a toujours figuré parmi ses présidents d’honneur et nous avons eu sous les yeux le prospectus où se trouvait inscrit en cette qualité le nom du regretté M. Vossion, mort au Cap il y a quelques mois. À l’arrivée du successeur de ce fonctionnaire apprécié, le bureau du cercle français vint lui présenter ses hommages et lui demanda de l’autoriser à imprimer son nom en remplacement de celui qui l’avait précédé. Le nouveau consul, remarquant qu’il ne devait ainsi figurer qu’en seconde ligne, après Sir Dinshaw Petit, fondateur et bienfaiteur du cercle, subordonna son consentement à une interversion des noms. C’était impossible. Depuis vingt ans le nom de Sir Dinshaw Petit figurait en tête de la liste des trois présidents d’honneur et tous les consuls de France qui s’étaient succédés à Bombay avaient très volontiers cédé le pas à cette personnalité considérable, illustre entre les notabilités parsis, qui nous avait spontanément manifesté son amitié et prêté le concours utile de son énorme influence. Il n’empêche que le nouveau consul prétendit rompre avec la tradition.

Cette attitude nous apparaît bien déplacée et passablement ridicule ; nous en souririons volontiers, comme le font là-bas les adversaires de l’influence française, si nos intérêts nationaux n’étaient pas en jeu. Pour avoir énormément voyagé et fréquenté des représentants diplomatiques et consulaires de tous pays, celui