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Page:Revue pour les français, T2, 1907.djvu/199

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LES ÎLES PHILIPPINES EN 1907

blique sous la domination espagnole — 355.000 à 1.115.000 francs de 1893 à 1898 — le gouvernement américain lui a de suite destiné une allocation annuelle de 7.500.000 francs. Les écoles et les cours d’adultes se sont ainsi multipliés. Le nombre des journaux s’est considérablement accru. En 1899, il y en avait trois. On en compte à présent 41, dont 20 quotidiens : 24 en espagnol, 12 en anglais, 4 en langues indigènes, 1 en chinois. Les bibliothèques publiques ont aussi été enrichies de milliers de volumes.

Les Philippins, si longtemps dupes de la domination étrangère, si méfiants au début de l’occupation américaine, paraissent apprécier vivement leur nouveau régime. Nous nous souvenons d’avoir personnellement observé en passant à Manille, il y a quatre ans, l’attitude réservée de la population à l’égard des Américains : cette réserve était déjà un progrès immense sur l’hostilité des premiers jours ; rien de surprenant qu’elle se soit aujourd’hui transformée à son tour en confiance.

Il est assurément impossible de juger dès à présent l’œuvre coloniale entreprise par les États-Unis aux îles Philippines. Ayant fait l’inventaire de leurs richesses naturelles, appréciant l’avantage de leur situation géographique, observant l’admirable fortune des pays qui les environnent, ils ont manifesté en leur avenir une foi enthousiaste. Ils prétendent faire aux Philippines aussi bien — mieux peut-être — que n’ont fait alentour les Hollandais, les Anglais, les Français à Java, à Hongkong et en Indo-Chine. Leurs ambitions n’ont pas de mesure. Quoi d’étonnant, dès lors, qu’ils consacrent tant d’énergie à les réaliser ?

En présence des efforts et des sommes d’argent dépensés sans compter, certains critiques ont représenté les Philippines comme un gouffre où allaient s’engloutir leurs millions et leurs peines. Qu’il nous soit permis de remarquer que ce n’est pas en vain. Dans l’espace de quelques années, les Américains ont accompli aux Philippines une œuvre infiniment plus grande que les Espagnols en trois siècles passés. Considérant les résultats très positifs qu’ils ont acquis dans cette période préparatoire où ils s’occupent surtout de semer, nous augurons bien, pour leur colonie sinon pour eux mêmes, des temps futurs où il s’agira de récolter.


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