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UNE ÉPOPÉE MYSTIQUE

leur aux fleurs, aux arbres et aux fontaines. Souvent, on se rassemble autour d’elle, les uns avec un sentiment de compassion, les autres pour l’insulter au sujet de sa vie passée. Le peuple n’a aucune considération pour elle, à cause des scandales qu’elles a donnés autrefois ».

Après l’ascension du Christ, scène de lumière et de paix empreinte d’une indicible grandeur, reparaissent de ces détails précis, nets sur les menus détails dont toute l’épopée est remplie. Voici, par exemple, une description de Bethesda : « La piscine de Bethesda, située au sud-Ouest du Saint-des-Saints, était depuis longtemps déserte et tombait en ruines. Négligée de presque tous, elle n’était en honneur qu’auprès de quelques gens pauvres et simples… La piscine est de forme ovale ; cinq enceintes séparées l’entourent et leurs terrasses qui s’abaissent en pente douce forment un amphithéâtre coupé par cinq chemins aboutissant à quelques marches ; on peut voir de toutes parts quand l’eau est agitée. Le fond de la piscine est couvert d’un sable blanc et brillant. Trois sources y bouillonnent en remuant le sable au milieu ; souvent aussi ces sources jaillissent au-dessus de la surface. » Jusqu’au bout de ses récits, la sœur marque une suite de préférences pour Madeleine. Elle la suit dans son odyssée jusqu’à Marseille. « Je les vis arriver dans la grande ville de Massilia. On les laissa passer et l’on se contenta de les regarder sans leur taire aucun mal. On célébrait alors la fête d’une idole et je vis les sept étrangers s’asseoir sur la place publique, sous le péristyle d’un temple. Ils demeurèrent là longtemps ; enfin, Marthe, la première, adressa la parole au peuple qui s’était rassemblé autour d’eux. Elle raconta les circonstances de leur voyage et parla de Jésus avec beaucoup de vivacité et d’émotion. Bientôt, la foule voulut les forcer à se retirer et leur jeta des pierres, mais qui ne les atteignirent pas et ils restèrent là, tranquillement assis à la même place jusqu’au lendemain matin. Les autres s’étaient mis à haranguer la multitude et plusieurs leur témoignaient de la sympathie. » C’est l’heure de la grande dispersion ; la lumière divine s’est retirée : la conquête obscure et laborieuse commence. Les apôtres vont se séparer, « Je les vis rassemblés pendant la nuit avec un grand nombre de disciples, tous en habit de voyage et prêts à partir. Ils se tenaient en cercle autour d’une lampe ; Pierre occupait la place d’honneur. Tous les apôtres avaient à la main des houlettes recourbées ; les disciples se tenaient par derrière ayant dans leurs mains des