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Page:Revue pour les français, T2, 1907.djvu/294

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REVUE POUR LES FRANÇAIS

atteindre — de produits frelatés fabriqués avec de l’eau, du sucre et des matières colorantes ; le dégrèvement des sucres a encore aidé à cette falsification. Il y a beaucoup de mesures à prendre à cet égard, mais ce sont des mesures secondaires. Le nœud du problème réside, quoi qu’on dise, dans le fait de la surproduction. Les désordres issus de la crise actuelle, se superposant à un état de chose déjà troublé par la propagation de doctrines socialistes et antimilitaristes, donnent à la situation une certaine gravité.

Les élections d’Autriche.

À la différence de notre éminent confrère, M. André Cheradame, dont nous venons de citer dans le précédent paragraphe la vaillante publication, nous considérons que l’établissement du suffrage universel dans la portion cisleithane de l’empire Habsbourg n’a nullement atténué les difficultés internationales que recèle le problème de l’Europe centrale. Pour qu’il en fût ainsi, il aurait fallu qu’un puissant parti englobant les Allemands d’Autriche et la portion la plus raisonnable des populations slaves se groupât autour du principe de l’intégrité de la monarchie. Rien de semblable ne s’est passé. Le succès a été pour les socialistes et les antisémites desquels on ne peut attendre la constitution d’éléments gouvernementaux sérieux ; l’échec a été pour les Allemands. Un tel résultat est de nature à accroître le découragement et la désaffection de ces derniers et à les pousser vers les aspirations extrêmes. Ils ne peuvent plus désormais se faire d’illusion sur le sort qui les attend. Dans l’empire fondé jadis en leur nom et dont ils détinrent si longtemps le gouvernement, ils sont condamnés à vivre en marge et à la merci d’une majorité toujours grandissante que les passions de races et aussi, on doit le reconnaître, de légitimes rancunes tourneront toujours contre eux. Dès lors, il est infaillible qu’ils cherchent à se rattacher à l’empire voisin, un empire de leur sang et de leur langue dans lequel leur indépendance et leurs intérêts se trouveraient sauvegardés. En fait, la situation actuelle de la monarchie austro-hongroise est sans remèdes. Elle est le produit d’un règne de près de soixante années, l’un des plus maladroits et des plus coupables dont l’histoire fasse mention. Aucun souverain — avec d’ailleurs d’excellentes intentions et un véritable sentiment de sa dignité personnelle — n’a entassé plus de fautes que François-Joseph ; affaiblir les sou-