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LE PARSISME

Les prescriptions morales de l’Avesta ont force de loi. Toutes les sanctions pénales sont énoncées dans les saints livres. Elles se traduisent par des actes de réparation, des cérémonies de purification et des châtiments corporels.

Les délits les plus graves pour un mazdéen sont la plupart du temps de nature à nous paraître infimes. Beaucoup ont trait aux animaux qui, bons ou mauvais, jouent naturellement un rôle actif dans l’armée d’Ahriman ou dans l’armée d’Ormuzd. Ils ont été classés en conséquence. Le taureau, par exemple, est vénéré au premier rang ; le chien est entouré d’une considération telle que sa femelle, sur le point de mettre bas, doit être soignée comme une femme ; de même le « chien d’eau », la loutre ; de même le hérisson, etc… Par contre, les tortues, les crapauds, les loups, les fourmis, les vers et toutes les bêtes qui rampent sont abhorrées et pourchassées.

Toutes les sanctions pénales sont nettement tarifées. Ainsi « l’homme qui a tué une loutre » recevra dix mille coups de lanière — rachetables à raison d’environ cinq francs par coup — et devra, comme réparation, accomplir une bonne œuvre en élevant, par exemple, deux fois sept petits chiens, en tuant dix mille serpents, fourmis, crapauds, etc… Le meurtre d’un chien coûte moins cher : 500 à 800 coups de lanière, selon la race, plus l’acte de réparation. Mais certains crimes, d’une gravité exceptionnelle, sont inexpiables : la sodomie, le vol de grand chemin, le fait de porter seul un cadavre, de manger de la charogne, etc… Ils entraînent la mort immédiate, sans jugement, et la damnation perpétuelle.

Comme l’indiquent les exemples cités, le châtiment n’est pas l’expression d’un désir de défense sociale. Il a pour mobile unique l’expiation, la réparation religieuse : tel homme ayant commis une mauvaise action pour le compte d’Ahriman, a le devoir d’en balancer immédiatement l’effet par une bonne action accomplie pour le compte d’Ormuzd. La justice est d’ailleurs uniquement dispensée par les prêtres.

Les prêtres mazdéens s’appelaient autrefois magu « mages » ; on les nomme aujourd’hui mobeds. Caste fermée à dignité héréditaire,