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LE PARSISME

tervention mettra fin à la lutte du Bien et du Mal. Ahriman définitivement vaincu par Ormuzd, la création aura perdu sa raison d’être. Ce sera la fin du monde. Tous les morts devront alors ressusciter pour subir le jugement dernier. Un déluge de métal fondu les enveloppera, où disparaîtront les méchants tandis que les bons en sortiront indemnes. Le Mal n’existera plus sous aucune forme, l’enfer sera vacant et deviendra, avec la terre, une annexe du paradis où les justes jouiront d’une infinie béatitude, éternellement.

Telle est la religion de Zoroastre. Née sous l’égide du grand empire des Mèdes, elle atteignit son apogée sous la dynastie sassanide, du iiie au viie siècle de notre ère. Dès cette époque, l’influence du christianisme suscita quelques défections parmi ses sectateurs ; bientôt naquirent les hérésies manichéiste et maldakite, causes de discorde, avant-coureurs de décadence ; finalement l’invasion musulmane précipita sa ruine.

En l’an 637 les Perses furent vaincus par les Arabes à Nahavand, près de l’ancienne Ecbatane. Cette bataille décida du sort du mazdéisme en Perse : Zoroastre y fut supplanté par Mahomet et l’Avesta par le Coran. La chute fut d’autant plus rapide et plus absolue que la religion s’étant toujours trouvée liée à l’État fut naturellement combattue avec plus d’acharnement. Les prêtres, habitués au pouvoir et peu préparés aux souffrances, furent aussitôt gagnés à la cause de l’envahisseur. Les plus fidèles se révoltèrent, voulurent garder leur foi mais n’eurent bientôt d’autres moyens d’échapper aux persécutions que le culte secret ou la fuite. Ceux qui choisirent la dissimulation furent les moins nombreux ; peu à peu submergés par les musulmans, ils diminuèrent sans cesse jusqu’à nos jours. Les autres ont émigré d’abord en Khorassan, puis au golfe Persique dans l’île d’Ormuzd, enfin aux Indes qui sont devenues dès lors le foyer du culte parsi.

Le mazdéisme d’aujourd’hui compte à peine 150.000 adeptes. On n’en trouve pas 10.000 en Perse. Ils ont d’ailleurs perdu leurs véritables traditions religieuses — leurs prêtres même ignorent la langue de l’Avesta — mais sont demeurés fidèles à la morale de leurs ancêtres ; tous vivent de leur travail et jamais on n’a vu parmi eux un mendiant ni une prostituée. Les persans musul-