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LE LIVRE D’OR DES AVENTURIERS

Les oubliés

M. de Villiers du Terrage a négligé dans sa galerie de portraits un type bien amusant. C’est le brave « chocolat » dont Haïti fit momentanément un empereur. Comme Napoléon iii régnait en France, tout fut à la Bonaparte dans l’empire d’Haïti et l’Illustration de l’époque reproduisit Sa Majesté Faustin ier et l’impératrice Adelina son épouse, revêtus pour leur sacre, des costumes qu’ils s’étaient commandés à Paris — sur le modèle de ceux utilisés jadis au sacre de Napoléon ier. Rien de comique comme leurs bonnes faces de nègres émergeant de la blanche hermine. Faustin eut tout juste le temps de créer une noblesse destinée à faire l’ornement de sa cour ; il distribua des titres à ses fidèles qui s’appelèrent harmonieusement le prince de la Marmelade, le duc de Trou-Bonbon ou le prince de l’Anguille sous roche. Hélas ! souverains, cours et noblesse firent comme les marionnettes de la chanson : trois petits tours et puis s’en vont. Il aurait fallu nous parler de Faustin et, pendant qu’on y était, de son « prédécesseur » le fameux Toussaint Louverture. Mais, sans vouloir chercher querelle à l’auteur, il a omis plus d’un nom important et par exemple celui de l’empereur Iturbide au Mexique et celui de Jacques de Liniers, ce français de haute intelligence qui devenu vice-roi de la Plata fit des propositions à Bonaparte en vue d’installer le protectorat français dans ses domaines. Bonaparte écouta d’oreille distraite et la faute qu’il commit ce jour-là fut bien autre que l’abandon de la Louisiane.

Brasseurs d’affaires

Dans cette catégorie prennent place : au temps passé M. de Beniowsky qui entreprit la colonisation de Madagascar d’abord pour le compte de la France ensuite pour son propre compte, et, de nos jours, Harden Hickey, Mayrena et le marquis de Rays. Harden Hickey, irlandais né en Amérique est surtout connue comme ayant dirigé à Paris le fameux journal le Triboulet qui de 1838 à 1880 encourut dix neuf condamnations. Ses satires souvent guerrières mais parfois spirituelles contre les hommes politiques de l’époque lui firent une réputation universelle. Toutefois elles passèrent bien vite les limites du tolérable et Harden Hickey fut expulsé de France. Ayant mangé sa fortune, il se mit à dévorer de