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REVUE POUR LES FRANÇAIS

leur, les blancs, les jaunes, les noirs et les rouges apparaissent à l’horizon de l’histoire ; si l’on se règle sur le langage, les six dialectes aryen, sémitique, ouralien, berbère, bantou et algonquin ne présentent aucun trait commun permettant de les relier les uns aux autres. Enfin la classification établie d’après la conformation crânienne se résout en deux grandes divisions : la brachycéphalie et la dolicocéphalie c’est-à-dire le rapport entre le diamètre antéro-postérieur et le diamètre transversal du crâne. Ne dépassant pas un maximum de 75 pour cent chez le dolicocéphale, il atteint chez le brachycéphale jusqu’à 80 pour cent.

Les races sont-elles de même puissance c’est-à-dire, toutes choses égales d’ailleurs, possèdent-elles des qualités équivalentes ? Voilà encore une question sur laquelle la controverse s’est exercée trop passionnément pour que la clairvoyance et la logique n’en aient pas souffert. Il est imprudent sans doute de prendre parti ; aussi bien les preuves absolues font-elles défaut. Mais l’expérience et le raisonnement tendent à faire de plus en plus justice des assertions exaltées du comte de Gobineau, le plus fougueux partisan de l’inégalité des races. « Il suffirait, écrivait celui-ci, que le groupe blanc le plus pur, le plus intelligent et le plus fort résidât, par un concours de circonstances invincibles, au fond des glaces polaires ou sous les rayons de l’équateur pour que toutes les idées, toutes les tendances, tous les efforts y convergeassent ». En fait les représentants du groupe blanc « le plus pur, le plus intelligent et le plus fort », ont affronté les glaces polaires aussi bien que les rayons de l’équateur et ne s’y sont pas toujours comportés d’une façon propre à corroborer un tel axiome. Du reste, l’influence des milieux, déjà reconnue par les anciens, est aujourd’hui trop clairement établie pour qu’il soit permis d’en faire aussi bon marché.

Le climat a été le véritable sculpteur des races : c’est lui qui leur a donné leur physionomie et leurs traits distinctifs. Par climat, cela va de soi, il faut entendre non point la température seulement mais l’ensemble des conditions du sol et de l’atmosphère. Ce n’est point le hasard et c’est encore moins le goût qui a poussé les hommes ou les a retenus loin des régions tempérées et des zones faciles ; mais c’est la nécessité, c’est le souci de la conservation et de la défense. Ainsi, quittant la plaine, ils ont fui vers la montagne afin d’y trouver la sécurité ou bien ils ont affronté, pour échapper à la férocité de l’animal, la rudesse des éléments.