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Page:Rey - La théorie de la physique chez les physiciens contemporains, 1907.djvu/28

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DÉLIMITATION DU PROBLÈME

de notre savoir, ou si l’on aime mieux, pour donner une définition qui ne rappelle aucune école et puisse être acceptée par les métaphysiciens de race, elle a pour tâche de savoir le plus que nous pourrons, de reculer toujours plus loin les bornes de l’inconnu et même, à la limite, de le supprimer ! Or, jusqu’ici, les sciences, et elles seules, nous ont donné des connaissances incontestées, capables de rallier tous les esprits normaux et de bonne foi dans les limites très modestes où elles sont encore enfermées. Les sciences, et elles seules, nous ont donné des procédés de contrôle et de vérification sur nos connaissances, et des connaissances satisfaisantes pour tous les esprits qui veulent se plier à ces procédés de contrôle et de vérification. Et, de la science, il serait bien difficile, étant donnée la variété des champs auxquels ce mot s’applique, de donner une autre définition que celle-ci : l’ensemble des connaissances qui, seules, sont susceptibles, en fait, de rallier toutes les raisons humaines.

Je me demande alors comment, dans tout effort pour savoir, on pourrait ne pas prendre pour point de départ les enseignements et les hypothèses de la science, et se soustraire à son autorité. J’ai souligné le mot hypothèses, car seules les sciences nous ont montré jusqu’ici des hypothèses qui se vérifient, des idées préétablies susceptibles de contrôle, et dont certaines ont été, en fait, contrôlées. La raison en est simple. L’hypothèse scientifique est une suggestion des faits dans un esprit rompu à leur mouvement et aux méthodes capables de donner des résultats. De toutes les hypothèses concevables, ce sont encore les hypothèses scientifiques qui ont le plus de chances de ne pas être un jour, au moins partiellement, des hypothèses, ou d’amener, par leurs critiques, à des vérités.

Dans le domaine de la connaissance, du savoir, la science est donc le point de départ fécond, le point de départ unique. Nous voulons de la vérité, et seule, dans les limites si étroites qu’on le veuille de notre chétive faculté de connaître, elle nous a donné ce que nous pouvons appeler de la vérité, c’est-à-dire quelque chose que nous nous accordions tous à reconnaître pour de la vérité ; et que