naissance, c’est-à-dire la logique des différentes sciences.
Ici, c’est moins la psychologie générale, que l’histoire détaillée de la constitution des méthodes scientifiques, des résultats qu’elles ont donnés, et par suite, l’estimation par les gens compétents de leur force probante, qui doit préparer l’art logique. Celui-ci doit donc être précédé d’une histoire des sciences, en particulier d’une histoire des conceptions et des institutions des savants au sujet des méthodes, là où la science est assez avancée pour que les méthodes suscitent des recherches fructueuses. La philosophie, surtout la philosophie américaine, a donné le nom d’épistémologie à des recherches transcendantes sur les principes et les conditions générales des sciences. Ce mot réduit à une acception positive pourrait désigner heureusement la recherche documentaire, l’ensemble des observations historiques nécessaires pour fonder une vue d’ensemble exacte des différentes sciences, une science positive des sciences. Et la recherche historique relative à l’esprit général de chaque science serait alors une des grandes sections de cette épistémologie historique.
3. — Ce que je me propose en premier lieu de faire ici, c’est précisément une contribution à ces recherches historiques relatives à l’esprit scientifique ; c’est par conséquent, aussi, une étude préparatoire à la logique des sciences physiques. Je chercherai, d’un point de vue essentiellement historique, à présenter un tableau synthétique de la conception générale des sciences physiques d’après les physiciens contemporains. J’essayerai de dégager les grandes directions entre lesquelles semblent se partager les esprits des savants, et la tendance générale qui, peut-être, se dessine sous les discussions et les polémiques. Je veux faire œuvre d’historien, mais d’historien conscient des services qu’une logique positive pourrait tirer de l’histoire des sciences. Je ne perdrai jamais de vue le but méthodologique auquel cette histoire peut contribuer.
Si je me borne à la période contemporaine, c’est que les physiciens ne se sont appliqués à la discussion suivie et minutieuse de leurs méthodes que dans cette période.
