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ET INTÉRÊTS DIVERS QU’IL PRÉSENTE.

et jusqu’où ils s’accordaient, de préciser la nature et les limites et la portée de leurs différends. Le logicien des sciences, bien que sa tâche soit commandée par les travaux des savants sur la critique générale des sciences et de leurs méthodes, a sa tâche à lui, facilement et nettement délimitable. Il faut qu’il coordonne et qu’il compare les travaux de première main, et qu’il cherche au-dessus des querelles intestines ou dans celles-ci, la « voie royale » de l’évolution scientifique, le permanent et le durable. Après avoir procédé en historien et en analyste impartial, il faut qu’il cherche à construire la synthèse que permettent les documents qu’il a dépouillés, sans épouser les querelles particulières, autant du moins qu’il le pourra. Le savant spécialisé, engagé à fond dans sa doctrine et dans ses vues particulières, ne voyant que cette doctrine et que les vues auxquelles il s’est rallié, parce qu’elles lui semblent préférables à toutes autres, ne peut évidemment plaider que pour elles. Ses réflexions sur les méthodes sont toujours plus ou moins apologétiques. Il crée ou il suit une conception individuelle. Le logicien des sciences a besoin qu’on cherche, en faisant la science (historique) de ces sciences, le général.

Le présent travail peut contribuer à ce but, en essayant de déterminer sur quoi s’accordent les théories que les physiciens contemporains ont faites de leur science.


IV. — L’INTÉRÊT ACTUEL D’UNE ÉTUDE DE L’ESPRIT GÉNÉRAL DE LA SCIENCE PHYSIQUE


1. — Ceux qui auraient voulu, il y a une cinquantaine d’années, décrire l’état des sciences physico-chimiques et augurer de leur direction générale dans l’avenir, se seraient facilement trouvés d’accord. Les tentatives faites dans ce but ont toutes des conclusions analogues, et les travaux scientifiques des deux premiers tiers du xixe siècles sont empreints d’un esprit identique. Il y a bien des divergences de détail, des luttes mémorables entre les savants : en optique, par exemple, ou dans la théorie de la chaleur.