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LES MATHÉMATIQUES EN GRÈCE

On le voit bien à la continuité et à la rapidité (relative) de ses progrès, dès qu’on s’élève à cette attitude mentale nouvelle, en la comprenant pleinement. S’il y a eu, entre Diophante et ses successeurs hindous[1] et arabes, d’une part, et les premiers algébristes véritables du Moyen-Age occidental, d’autre part, une lacune, elle est due a la stagnation et à la carence de pensée des Arabes épigones, et à l’absence de cette pensée algébrique, précisément, en Occident. Cette lacune est, d’ailleurs, de moindre durée qu’on ne le croit d’ordinaire.

  1. Nous disons : successeurs. Malgré la difficulté de la chronologie, l’algèbre hindoue, au sens vrai du mot algèbre, nous paraît en effet postérieure à ses commencements en Grèce depuis le 1er siècle jusqu’à Diophante, en deçà de l’œuvre duquel les Hindous sont toujours restés, même si l’on ne considère que la partie (les premiers livres seulement) que nous connaissons de cette œuvre. Il reste, comme nous le montrons dans « l’apogée de la science grecque » (sous presse), que l’algèbre sort du calcul, de cette logistique, tant dédaignée par l’orthodoxie de la grande mathématique hellénique, mais qui reprend ses droits, à Alexandrie, au déclin de la pensée grecque et au contact, peut-être, des calculateurs de l’Orient. L’algèbre naît alors de l’application de l’esprit mathématique grec à la logistique reprise pour elle-même. Archimède y tend déjà. Seulement il est trop imbu de cet esprit, pour s’affranchir complètement de la géométrie orthodoxe qu’il cherche toujours à retrouver.
Saint-Amand (Cher). — Imp. R. Bussière. — 7-2-1935.