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BRAMANTE

Jules II et de Léon X, il assiste à l’âge sévère des papes de la contre-réforme. Alors que Bramante ne reste à Rome que pendant quelques années, de 1499 à 1514, Michel-Ange y vit pendant trois quarts de siècle. Toute l’histoire du xvie siècle se reflète en lui ; nulle œuvre n’est plus féconde que la sienne en enseignements, nulle ne nous permet de suivre plus étroitement l’évolution des idées et la répercussion sur les arts des grands événements qui changent alors si fréquemment et si brutalement la face de l’Italie.

Dans la première période du xvie siècle, Michel-Ange ne remplit pas encore comme architecte un rôle de premier ordre. Sous Jules II, il se consacre tout entier à la Tombe du pape et à la Sixtine : il fut le peintre et le sculpteur de ce pape dont Bramante fut l’architecte. Jules II avait trouvé dans ces deux génies les artistes capables de le comprendre et d’exprimer ses pensées. Jamais pape plus grand ne trouva des artistes plus à sa taille.

Lorsque Léon X monte sur le trône, c’est un Florentin, c’est un membre de la famille des Médicis qui prend en mains les destinées de Rome et qui apporte dans cette ville un goût plus délicat, un plus ardent amour des belles-lettres et des plaisirs ; c’est un pape moins fait pour les luttes que pour la paix, plus épris des livres que des armes, c’est un humaniste succédant à un soldat. Avec lui, dans les arts, les idées de force vont céder la place aux idées d’élégance : son maître préféré, ce sera Raphaël, dont