Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/100

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douée d’une existence réelle, concrète, il faut qu’elle s’applique à des images claires ou à des représentations obscures, subconscientes, qui sont sa matière et dont elle est inséparable. Elle ne peut opérer à vide[1].

Ces états sont, non de la pensée pure, mais des modes de l’activité motrice.

Nous arrivons à des faits qui me paraissent d’une telle importance pour l’hypothèse de la pensée sans images que je m’étonne qu’aucun des psychologues qui la soutiennent ne s’en soit occupé. En effet, nul de ceux qui spécialement ou d’une façon épisodique ont étudié ce sujet ne mentionne — du moins à ma connaissance — un fait qui semble favorable à leur théorie : c’est la vision intellectuelle des mystiques. Elle mérite d’être examinée avec quelque soin.

On objectera peut-être que nous ne pouvons produire que des observations et non des expé-

  1. Les psychologues de l’École de Wurzburg dans leurs recherches sur l’idéation, appuyées à la fois sur l’observation intérieure et sur l’expérimentation ont noté souvent un sentiment d’hésitation, de changement de direction qui précède la formation du jugement contenant la réponse.