Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

religieuse. Ce sont eux qu’il nous faut interroger. Je présente aux lecteurs quelques observations empruntées à des mystiques célèbres : on remarquera les expressions « pensée sans images », « pensée sans mots » et autres analogues qu’ils emploient et qui prouvent qu’en les suivant nous sommes dans la bonne voie[1]. Sainte Thérèse avait constaté la succession de deux espèces de visions : « À la vision imaginaire, dit-elle, succède ordinairement la vision intellectuelle. Quand il plaît à Dieu de donner l’intelligence de l’apparition sensible, l’âme devient bientôt plus captivée que par l’apparition elle-même et elle passe ainsi à la contemplation purement intellectuelle. » « Les objets supra-sensibles de leur nature, tels que Dieu, l’ange et l’âme, et ceux-là aussi qui sont étendus et frappent nos sens, quand on ne considère en eux que la vérité, l’esprit les contemple indépendamment de toute représentation sensible soit extérieure, soit intérieure : et cette opération est dite intellectuelle parce qu’elle est due tout entière à la facilité d’appréhender les êtres par leur côté purement

  1. Sur un essai de classification des mystiques, voir Picavet, Revue Philosophique, juillet 1912.