Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/132

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lature flasque ne permet plus de maintenir le corps droit et ferme ; les mouvements sont lents et sans précision. Pour le cerveau, la diminution des échanges, les modifications chimiques et surtout la prolifération du tissu conjonctif ont pour effet une dégénérescence des cellules dont le noyau s’emplit de pigment.

Par suite apparaissent les déchéances psychiques bien connues : affaiblissement de la mémoire, asservissement aux habitudes, incrustation dans la routine, inaptitude à combiner et à accepter des idées nouvelles, soumission de la volonté au joug d’autrui : elle ne peut s’affirmer et devenir une réalité. La vie affective se rétrécit. La plupart des sentiments s’effacent ou s’éteignent. Seul l’instinct égoïste de la conservation et le sentiment religieux qui n’en est qu’une forme — la préoccupation du salut — restent tenaces[1]. Par l’effet de cette décadence émotionnelle, l’imagination s’appauvrit parce qu’il faut renoncer « au long espoir et aux vastes pensées » ; le champ de l’avenir est trop restreint pour qu’on puisse le peupler de rêves lointains.

  1. Pour plus de détails voir notre Psychologie des sentiments, chapitre dernier, La dissolution.