Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/24

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dit Hering, qui vient de jouer le rôle d’un roi : quand rentré dans la coulisse, il a quitté ses insignes et son attitude imposante, n’est plus un roi ; de même, les états de conscience, quand ils ont quitté la scène, ne sont plus une forme de la conscience. La conscience, étant une connaissance immédiate, n’est pas inférée : elle est constatée.

Comment des psychologues très perspicaces ont-ils pu adopter une hypothèse si ambiguë, pour ne pas dire contradictoire ? À mon avis, cela s’explique par une tendance intellectualiste. Sans elle, tout est obscur ; elle illumine tout ; elle est la forme primordiale et essentielle de la connaissance et l’on suppose que tout ce qui a passé par sa lumière, même enfoui au fond de notre être, reste cognitif. Cette illusion de notre intelligence est analogue à celle de l’anthropomorphisme dans la psychologie religieuse et dans celle des animaux.

Si le fond de l’inconscient ne doit pas être cherché dans le connaître, il reste à interroger le sentir, l’agir. Mais la sensibilité n’est pas pure de tout élément de connaissance, puisqu’elle nous révèle nos états intérieurs. Par voie d’éli-