Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/52

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plaisir et la douleur. Comme une définition doit reposer sur les caractères fondamentaux, essentiels, il faut descendre plus bas, — aux tendances. Les états agréables et désagréables n’ont qu’un avantage, c’est d’être la portion claire, c’est-à-dire pleinement consciente d’un fait plus complexe ; mais ils dépendent des désirs et aversions, des tendances positives et négatives ; celles-ci sont les processus élémentaires de la vie affective dont le plaisir et la peine ne font que traduire la satisfaction ou l’échec.

Sous diverses formes et en termes différents, plusieurs psychologues contemporains me paraissent soutenir une thèse analogue, sinon identique[1]. Malgré leurs dissidences, ces thèses ont toutes un fond commun ; c’est la réintégration de l’élément moteur dans la constitution fondamentale de la sensibilité. Mais alors, dira-t-on, nous sortons de la sensibilité purement réceptive pour entrer dans la psychologie des mouvements ? C’est inévitable. Entre la sensibilité affective et la motricité, il est impossible d’établir une séparation réelle ; on ne peut que la déterminer idéa-

  1. Pour une exposition complète de ce sujet, je renvoie à mes Problèmes de psychologie affective, p. 15 et suiv. (F. Alcan.)