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à un défaut d’harmonie entre ces tendances. Ainsi « l’agitation (excitation) et le sentiment qui l’accompagne sont dus à des stimulus nouveaux pour lesquels nous n’avons pas de réponse naturelle[1] ».

Avant de conclure, notons une analogie.

Dans le précédent chapitre, on a fait remarquer que tous les états intellectuels contiennent des éléments moteurs, mais dissimulés par les sensations, les images et les concepts qui remplissent la plus grande partie de la conscience.

Il en est de même pour les états affectifs. Les émotions simples ou complexes ont leurs marques spécifiques qui les distinguent les unes des autres : la peur, de la colère ; la joie, de l’amour, etc. Elles remplissent aussi la plus grande partie de la conscience. Mais dans les émotions violentes et les crises passionnelles, la tendance originelle affirme sa suprématie et sa puissance : sous sa secousse, la conscience se trouble et s’efface et l’état dominant devient moteur.

  1. Judd, Psychology, p. 196 et suiv. Je doute que l’explication de Judd par la tendance motrice soit applicable à tous les cas de plaisir et de douleur physique, de joie et de tristesse ; mais ce n’est pas le lieu de discuter cette question.