Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/143

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lire, en eût-elle le désir ; elle aperçoit bien des lettres ; mais, comme l’esprit n’agit pas, elle ne peut ni les distinguer ni les assembler. Quand on lui parle, elle entend le son de la voix, mais non des paroles distinctes. Aussi elle ne reçoit aucun service de ses sens… Toutes les forces extérieures l’abandonnent : sentant par là croître les siennes, elle peut mieux jouir de sa gloire… À la vérité, si j’en juge par mon expérience, cette oraison est dans les commencements de si courte durée, qu’elle ne se révèle pas d’une manière aussi manifeste par les marques extérieures et par la suspension des sens. Il est à remarquer, du moins à mon avis, que cette suspension de toutes les puissances ne dure jamais longtemps ; c’est beaucoup quand elle va jusqu’à une demi-heure, et je ne crois pas qu’elle m’ait jamais tant duré. Il faut l’avouer pourtant, il est difficile d’en juger puisqu’on est alors privé de sentiment. Je veux simplement constater ceci : toutes les fois que cette suspension générale a lieu, il ne se passe guère de temps sans que quelqu’une des puissances revienne à elle. La volonté est celle qui se maintient le mieux dans l’union divine, mais les deux autres recommencent bientôt à l’importuner. Comme elle est dans le calme, elle les ramène et les suspend de nouveau ; elles demeurent ainsi tranquilles quelque moment et reprennent