Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/158

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« Certainement, me dit-il, je pourrais résister, mais je n’ai pas la volonté de le faire. » Aussi est-il quelquefois tenté de croire qu’il simule. « Quand je suis engourdi, me dit-il, je simule l’automatisme, quoique je puisse, ce me semble, faire autrement. J’arrive avec la ferme volonté de ne pas simuler, et, malgré moi, dès que le sommeil commence, il me paraît que je simule. » On comprendra que ce genre de simulation d’un phénomène se confond absolument avec la réalité de ce phénomène. L’automatisme est prouvé par le seul fait que des personnes de bonne foi ne peuvent pas agir autrement que des automates. Peu importe qu’elles s’imaginent pouvoir résister. Elles ne résistent pas. Voilà le fait qui doit être pris en considération et non l’illusion qu’elles se font de leur soi-disant pouvoir de résistance[1]. »

Cependant ce pouvoir de résistance, si faible qu’il soit, n’est pas égal à zéro ; il est une dernière survivance de la réaction individuelle extrêmement appauvrie : il est au seuil de l’anéantissement, mais sans le dépasser. L’illusion de ce faible pouvoir d’arrêt doit répondre à quelque état physiologique également précaire. En somme, l’état de somnambulisme naturel ou provoqué peut être donné à juste titre comme un anéantis-

  1. Ch. Richet, art. cité, p. 348, 349.